Vous avez bien voulu communiquer avec moi, la veille de la publication de votre éditorial [Conflit d'intérêts institutionnel]. C'est la deuxième fois que vous vous livrez avec moi à un tel exercice. Dans les deux cas, votre tête était déjà faite. Libre à vous. Mais, permettez-moi quelques commentaires qui permettront à vos lecteurs de poursuivre la réflexion qu'a peut-être amorcée votre éditorial.

Au fond, vous vous êtes inspiré d'une vidéo qu'un de vos confrères de La Presse a bien voulu publier sur son blogue, vidéo qui n'est qu'un montage partisan de certains événements qui se sont produits au cours de réunions du conseil municipal de Saint-Bruno-de-Montarville. Cette même vidéo occulte par ailleurs d'autres événements malheureux qui sont survenus et qui, me paraît-il, expliquent qu'il ait fallu recourir à des expulsions.

Vous avez campé votre éditorial sur les accusations formulées par nos adversaires politiques qui ont su communiquer avec vous. Le seul fait véritable se retrouve dans mon refus de la webdiffusion des assemblées. Vous poursuivez en tombant dans la démesure: faire un rapprochement entre Saint-Bruno-de-Montarville et Mascouche dépasse, me semble-t-il, l'entendement. C'est là d'ailleurs la voie empruntée pas mes adversaires politiques. À Saint-Bruno, il n'y a pas eu et il n'y aura pas de chefs d'accusations au criminel. En vous permettant un tel rapprochement, vous allez trop loin et je ne peux que le déplorer vivement.

Quant à la solution que vous mettez de l'avant pour régler le conflit d'intérêts institutionnel que vous dénoncez, je me permettrai de vous rappeler que lors de notre entretien, j'ai tenu à vous préciser que cette solution ne permettrait pas de corriger efficacement la situation. Élire un président de conseil au lieu d'exiger que le maire préside les débats ne ferait, selon moi, que reporter sur les épaules de cet élu les reproches que l'on adresse aujourd'hui à un maire. Cet élu, il faut le rappeler, appartient à une formation politique et sur la seule base de cette appartenance, on pourrait lui adresser des reproches chaque fois qu'il semblera avoir choisi le camp de son parti. Vous reconnaissez d'ailleurs vous-même qu'il pourrait facilement en être ainsi. Mais qu'à cela ne tienne, vous balayez le tout sous le tapis, par une profession de foi «incontestable» du bien-fondé de votre proposition. Ça devient difficile de vous suivre...

Ça devient difficile aussi de comprendre qu'en page éditoriale on retrouve au bas de votre papier, une lettre ouverte d'un de mes adversaires politiques.

Comme manipulation, difficile de faire mieux et davantage.

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Monsieur le maire, le seul qui fait un lien entre votre ville et les accusations criminelles déposées contre le maire de Mascouche, c'est vous. Mon propos ne portait en rien, ni de près ni de loin, sur des agissements illégaux, mais bien sur les séances houleuses du conseil municipal qui ont bel et bien ébranlé les deux villes.

Quant à mon idée de séparer les rôles de maire et de président du comité exécutif, je cite la réponse que vous m'avez donnée mardi: «Je n'écarterais pas une telle idée. Je ne crois pas qu'il y ait un quelconque empêchement [à un tel changement législatif].»

Je terminerais en précisant que je me suis fait une opinion non pas à partir d'un montage vidéo, mais d'une série d'entrevues avec les deux parties.

François Cardinal