Le président du Canadien de Montréal, Geoff Molson, s'est adressé à sa clientèle dans le pur style du leader d'une entreprise qui n'a pu les servir adéquatement en raison d'un conflit de travail. Si l'on se fie à ses propos et au ton de sa présentation, il nous a semblé aussi consterné et déçu que les amateurs.

C'était un beau message, comme l'aiment les gens du marketing, livré en entier dans le but premier de nous faire oublier que celui qui nous le lisait avait été partie prenante à cette chicane de bien nantis.

Que pouvait-il faire de plus, monsieur le président, en cette circonstance? Rien.

C'est plutôt en cours du lock-out que nous nous serions attendus à ce qu'il démontre plus de leadership. Après tout, quand on est le propriétaire d'une des trois organisations les plus profitables de l'industrie, on ne devrait pas se contenter de seulement suivre la parade, mais aussi d'imposer ses idées.

Mais voilà, il demeure fort possible que M. Molson se soit abstenu de participer ouvertement aux pourparlers, étant bien en accord et satisfait de la manière dont se déroulaient les choses.

Il se peut qu'il ait été d'avis, comme plusieurs de ses confrères propriétaires, que ces saltimbanques du hockey, payés à coups de millions, devaient enfin se faire remettre à leur place... Ce sont qui les boss, après tout?

Certes, le propriétaire du Canadien était sûrement chatouillé de perdre les rentrées monétaires de son club de hockey. Cependant, il pouvait se consoler en comptabilisant les revenus générés par les locations de son Centre Bell pour d'autres événements.

Ne soyons pas dupes. Le président Molson savait aussi très bien que son bassin de clients n'allait pas se volatiliser, puisque les partisans sont tellement dépendants de ce produit qu'il vend déjà à fort prix. D'ailleurs, à ce que je sache, il n'a pas annoncé de rabais sur les billets et produits dérivés.

Oui, M. le président, vous avez prononcé de bien belles phrases et vos remerciements nous ont embué les pupilles.

Vous auriez pu aussi vous excuser d'avoir été l'un des acteurs impliqués dans cette inutile et décadente tragi-comédie qui fut un nouvel acte de sabotage de notre divertissement national canadien et québécois.

Encore plus irritant pour chacun de nous, quand on sait que tout ceci a été fait pour sauver des marchés qui bouderont encore ce sport que nous chérissons, même dans 100 ans.