Je suis bouche bée devant le débat qui fait rage depuis quelques jours dans nos médias sur la venue à Montréal de conseillers et d'attachés culturels du Québec à l'étranger, le mois dernier.

J'ai été attachée culturelle à New York pendant six ans. J'y ai aidé des dizaines de compagnies, des centaines d'artistes à se démarquer dans une des villes les plus compétitives au monde en matière de culture. J'y ai tissé des liens de confiance, un à la fois, avec des acheteurs américains. C'était un travail extraordinaire parce que la culture, les artistes que je représentais, étaient extraordinaires

Les conseillers culturels de métier sont des hommes et des femmes passionnés, généreux, engagés, animés par leur mandat. Ils accompagnent les créateurs québécois dans leur développement international, multiplient les contacts et les bons conseils, additionnent les bons coups, et ce, avec des budgets souvent dérisoires. Ils ne travaillent pas tous ensemble mais plusieurs sont proches l'un de l'autre et s'épaulent régulièrement.

Les retombées économiques de la diffusion internationale sont importantes. Les oeuvres québécoises qui prennent la route voient leur durée de vie allongée, en même temps que la durée des contrats des gens y travaillant. L'exportation de nos produits culturels partout sur la planète soutient l'emploi d'artistes et de travailleurs, payés en devises étrangères au Québec. Tout en projetant une image créative, dynamique, distincte de la société québécoise. Et dont nous sommes fiers, à ce que je sache.

La culture québécoise rayonne partout sur la planète. Elle dit ce que nous sommes, ce dont nous sommes capables. Elle ouvre les portes. Elle laisse entrevoir de nouveaux horizons pour le Québec. Elle intéresse des gens au Québec, dont certains, un jour, viendront y faire affaire.

Nos conseillers sont sur le front. Ce sont les chevaliers de notre culture à l'étranger. Ils représentent notre culture, la défendent, la mettent de l'avant, gagnent des territoires. Pour elle-même et pour toute notre société.

Vouloir faire un scandale avec une dépense de 64 000$ pour les frais de séjour de 22 personnes est au premier chef étonnant. Pensez-y bien: 64 000$ pour 22 professionnels... Le budget annuel du ministère de la Culture et des Communications dépasse 500 millions.

Pourrait-on imaginer demander à un représentant de livres d'école, d'équipement médical ou de pièces aéronautiques de faire son ouvrage sans visiter le siège social ou le département de production de son entreprise? Sans connaître son produit? Sans assister à un congrès une fois tous les quatre ans? Impensable! Pourquoi en serait-il ainsi avec la culture?