La démocratie d'opinion qui nous gouverne actuellement a eu raison de la démocratie représentative, obligeant un maire dûment élu par les citoyens de la plus grande métropole du Québec à remettre sa démission. C'est une première d'une série annoncée, qui bouleverse le paysage municipal au Québec, seulement un mois après l'élection d'un nouveau gouvernement minoritaire.

Pour qui veut faire le ménage, on peut dire que ça déménage! On assiste avec stupeur et une certaine incrédulité à l'exécution sommaire de quelques-unes des figures les plus connues en politique municipale de ces 30 dernières années.

Certes, comme citoyens de Montréal, nous avons payé et continuons de payer très cher l'incurie de nos administrations municipales et avons droit à ce que les enquêtes menées en ce moment jettent toute la lumière sur leurs pratiques douteuses, à commencer par l'enflure démesurée de la bureaucratie municipale à Montréal (qui demeure la ville la plus chère à administrer du Canada). Mais la lutte contre la corruption présumée de nos édiles et de certains fonctionnaires de l'administration municipale doit-elle remettre en question les pratiques élémentaires de notre démocratie? Je ne le crois pas...

Car, un tel processus de «nettoyage par le vide» de la corruption présumée s'apparente plus aux purges staliniennes d'antan qu'à une saine démocratie et donne l'impression nauséabonde d'un état de droit en perte de vitesse. La justice sommaire sur la place publique l'emporte sur le droit des personnes à se défendre et ne peut pas non plus déboucher sur un assainissement des pratiques, car tout semble se faire sans les citoyens.

Les cafouillages de cette semaine sur l'élection d'un maire intérimaire à Montréal accentuent encore le désarroi des citoyens, qui se demandent comment leur ville peut être correctement administrée quand des élus mettent leurs intérêts partisans au-dessus du bien public, plutôt que d'en prendre soin.

Pourtant, Montréal ne manque pas de ressources et il nous faut endosser les responsabilités qui sont les nôtres, comme citoyens engagés depuis autant d'années pour redonner à Montréal et à ses élus la crédibilité et l'essor qui lui conviennent.

La mise sur pied d'un Comité de réflexion indépendant et non partisan sur l'avenir de Montréal apparaît en ces jours de désillusion à l'égard des politiciens comme une entreprise de salut public! Loin des projecteurs et de l'immédiateté de la politique politicienne, nous sommes nombreux à penser qu'il nous faut agir de concert pour redonner à Montréal le lustre et la place qu'il doit occuper sur la scène nationale et transnationale.

Il ne suffira pas de nommer un nouveau maire et de procéder à quelques réformes de façade pour panser les plaies nombreuses de Montréal, dont la corruption aujourd'hui comme hier tant décriée n'est qu'un des aspects. La période qui s'ouvre, soit un an avant l'élection d'une nouvelle équipe à la mairie de Montréal, peut s'avérer particulièrement propice au débat public et au renouvellement du personnel politique dans ce qui nous semble être la meilleure façon de sauver Montréal, au moyen de la démocratie participative.

C'est dans une perspective de mise en commun de toutes les ressources et projets qu'un groupe non partisan, mais pas non plus en dehors des partis municipaux, jettera les bases d'un programme de relance de Montréal. Mon initiative se veut citoyenne et non exclusive et reflète l'engagement à débattre des grandes questions qui préoccupent les citoyens de façon transparente et démocratique.