On dit souvent que les jeunes se désintéressent, voire se fichent complètement de la politique et de ses enjeux. Pourtant, dans la nuit du 6 au 7 novembre, j'étais encore debout à 2 heures du matin, à m'infliger une nuit de quatre heures de sommeil, la veille d'une journée chargée à l'université, pour entendre le discours d'un président pour lequel je ne peux pas voter, qui ne sera jamais mon chef d'État et qui en connaît probablement très peu de mon coin de pays. Et vous savez quoi? Je n'étais pas le seul debout!

J'ai regardé cette soirée électorale américaine comme si c'était le Super Bowl; j'étais peut-être même plus nerveux que pendant le classique annuel du football américain. Dans tous les cas, j'étais certainement plus nerveux que le soir du 4 septembre. Et les dernières élections canadiennes? N'en parlons même pas...

Pourtant, on parle ici de ma province et de mon pays. Pourquoi donc suis-je plus intéressé par les résultats électoraux de mes voisins? Un pays que je trouve souvent difficile à comprendre et à cerner.

Poser la question, c'est y répondre. Écoutez Obama, écoutez son fameux discours victorieux, écoutez ses discours de campagne, vous comprendrez. Ce fut dit et redit, il a un charisme fou, un immense talent d'orateur, une prestance incroyable, mais ce n'est pas tout. Ces qualités ne font pas de n'importe quel beau parleur un président. L'homme est un leader, pas seulement dans sa tête, mais aussi dans son coeur, et cela transparaît jusque dans le nôtre.

C'est un principe que les hommes et femmes politiques américains ont compris: le contenant est aussi important que le contenu. Livrer le message en touchant les gens, parler d'émotions, de passions, de fierté. Rassembler les gens, pas seulement à l'idée, mais à la cause. Ne pas être un simple chef, être le capitaine. Même l'ex-gouverneur Mitt Romney a concédé la victoire avec passion, fierté, humilité et, bien sûr, émotion.

Maintenant, tirons des leçons. Aux élus d'ici, s'il vous plaît, inspirez-vous, pour mieux nous inspirer. Ce n'est peut-être pas dans notre culture de livrer ce genre de message passionné et émotif, mais peut-être le temps est-il venu de changer et d'évoluer.

Je n'ai pas connu l'époque de René Lévesque, je n'étais que très jeune lors du dernier référendum, mais j'aime penser que les discours étaient rassembleurs, dans un camp comme dans l'autre, et venaient chercher les gens par les tripes. Aujourd'hui, cette époque est révolue et c'est bien dommage!

Toutefois, ma génération n'est pas perdue. Nous ne sommes pas des électeurs sur lesquels on ne peut plus miser. Nous sommes à prendre, nous voulons être séduits, nous voulons nous accrocher à un leader qui nous représente, qui nous rallie à sa cause et qui nous inspire chaque jour.

Je le redis: je ne suis pas une exception. Je suis un simple étudiant, futur ingénieur, qui n'est ni un militant engagé, ni un analyste politique amateur. L'actualité, je la suis, je la connais et je m'y intéresse. Je comprends la politique et ses enjeux, j'ai une opinion, j'ai des positions, mais je ne suis pas campé sur elles. Je suis rempli d'ambitions, j'ai le désir de m'impliquer et de changer les choses.

Un jour peut-être, je plongerai dans ce monde politique, et ce jour, je me souviendrai que l'important, c'est qu'un discours, de victoire comme de défaite, touche droit au coeur.