La société du savoir est la société de l'avenir. C'est la leçon que nos parents et nos grands-parents nous ont sans relâche répétée. «Étudie et l'avenir t'appartient».

Concilier l'accessibilité à tous avec la recherche de l'excellence est un défi de taille, mais un défi qui se doit d'être à la hauteur de nos aspirations en tant que société.

Chez une partie bien minoritaire de l'opinion publique, mais malheureusement plus répandue des nouveaux leaders péquistes, des mythes font en sorte de dépeindre l'enseignement privé comme élitiste et inaccessible, aux seuls bénéfices et avantages des mieux nantis. Or, rien n'est plus réducteur ni plus faux.

Le premier mythe, l'accessibilité. Le sous-financement chronique de l'enseignement au Québec est pourtant bien connu. Abolir l'enseignement privé ne ferait que l'accentuer. Mais ce qu'on oublie surtout, c'est qu'au Canada, c'est au Québec que l'on retrouve la plus forte proportion d'élèves dans le réseau secondaire privé. C'est aussi parce que le Québec est la province qui subventionne le plus l'enseignement privé. Si les droits de scolarité sont de 3400$ à Brébeuf et de plus de 27 000$ au Upper Canada College à Toronto, c'est que le privé en Ontario n'est pas subventionné. Il est dès lors inaccessible à la grande majorité, et le seul apanage des très riches.

Au Québec, l'accès à certains collèges privés n'est pas une question de rang social, mais une question de mérite pour les meilleurs élèves. Les parents qui choisissent l'école privée au Québec le font très souvent au prix d'un sacrifice réel, par souci d'offrir la meilleure éducation possible à leurs enfants. Si on écoutait les chantres de l'élimination des subventions au privé, le frein à l'accessibilité deviendrait réel et l'école privée ne serait limitée qu'aux familles très riches, comme en Ontario. Sans compter que l'État devrait alors entièrement assumer (et non à 60%) le coût relié à tous ces nouveaux arrivants dans le secteur public. La quadrature du cercle, quoi.

Sans la présence de collèges privés largement accessibles, le système d'éducation québécois deviendrait un monopole déconnecté de la vie quotidienne d'une maison d'éducation. L'implantation récente de programmes d'éducation internationale dans plusieurs écoles du réseau public représente probablement la plus grande innovation du réseau public ces dernières années. Comme quoi l'émulation du privé peut être bénéfique au public.

Second mythe, celui de la sélection. S'il est vrai qu'au secondaire, une importante sélection à l'entrée s'exerce dans plusieurs institutions, il est faux de prétendre qu'il en est de même pour toutes les institutions secondaires privées, et réducteur d'expliquer leur réussite par ce seul facteur.

La sélection au niveau secondaire s'effectue non seulement dans le privé, mais également au public. Les écoles internationales ou à vocations particulières exercent une sélection pour que les meilleurs élèves aient accès à la réussite dans leurs domaines de prédilection. La sélection n'est donc pas l'apanage du privé.

Qui aurait l'idée de remettre en question la sélection à l'université, dans les facultés de droit et de médecine, ou encore dans les sports d'élite ou les arts? Cette approche positive ne devrait pas être différente lorsqu'il s'agit de la formation de l'esprit. La ministre Malavoy entend-elle couper les vivres à son Conservatoire d'art dramatique? Son nivellement par le bas sera-t-il tous azimuts?

La persistance de tous ces mythes a l'avantage, pour les détracteurs de l'enseignement privé, de masquer les caractéristiques du privé qui expliquent l'essentiel de son succès par rapport au public: une culture institutionnelle forte, l'exercice de l'autonomie et une gestion participative des ressources humaines à l'intérieur de chaque collège. Ces trois volets créent un fort sentiment d'appartenance chez les professeurs, les professionnels, les cadres et les parents et leur permettent de ne pas se laisser distraire de leur mission essentielle, qui est celle d'éduquer.

Et c'est ce à quoi contribue, quotidiennement, l'enseignement privé au Québec.