D'après les rumeurs, le PQ pourrait reculer sur l'ensemble des augmentations d'impôts qu'il voulait imposer. Sur les revenus des mieux nantis, la communauté d'affaires aurait suggéré une hausse de 2%; ses dirigeants auraient dû se tenir debout et refuser énergiquement.

Les récentes annonces du Parti québécois ne relèvent pas de la simple improvisation. Elles ont été soupesées et adoptées par les membres d'un gouvernement qui veut se positionner résolument à gauche.

Le PQ souhaite adopter une série de mesures qu'il prétend favorables au plus grand nombre en fouillant dans les poches non seulement des «riches», mais dans celles de tous ceux qui font vivre notre économie.

Bien sûr, on doit prélever des impôts là où il y a de l'argent. Mais encore faut-il examiner le contexte, apprécier ce qu'on demande déjà d'efforts à ces «vaches à lait» qui alimentent considérablement un gouvernement trop gourmand.

Par ses intentions de taxer davantage et rétroactivement le gain sur le capital, les dividendes, et d'augmenter le taux d'imposition des «riches», le Parti québécois montre son indifférence envers ceux qui contribuent le plus à la bonne marche de notre économie, en les traitant cavalièrement.

Peu importe les correctifs qui seront apportés, le mal est fait. Le lien de confiance avec la grande communauté d'affaires est fortement endommagé. Petits et grands entrepreneurs se sont rejoints dans leur incompréhension de ces décisions prises par un parti minoritaire qui a recueilli à peine plus de 30% des votes. Dorénavant, le gouvernement devra ramer pour regagner le terrain perdu.

La notion de «riches» pour ce parti relève d'une vision étroite de ce concept, où ceux qui vivent bien, sans être vraiment riches, doivent être taxés davantage. On tolère peu les hauts revenus. Il faut couper la moindre tête qui dépasse.

Les Québécois sont déjà les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord. Les hausses suggérées par le gouvernement feraient passer le taux d'imposition de ces «riches» au-delà du seuil psychologique de 50%. Certains parleront plutôt d'un seuil éthique ou, plus simplement, d'un seuil d'écoeurement.

Cette hausse est la goutte qui fait déborder le verre. Dans toute entreprise, il y a toujours un niveau au-delà duquel on arrête d'investir, on refuse de compromettre. Ce seuil est souvent psychologique, où on sent un manque de respect, de l'abus.

Lorsque, à la télé, notre ministre des Finances, Nicolas Marceau, défendait sa proposition en expliquant que sur un revenu de 200 000$, le gouvernement ne demandait qu'un effort additionnel de 1800$, il faisait montre d'une incompréhension profonde des enjeux. Ou encore il comprenait, mais ne s'en souciait nullement, ce qui est bien pire.

Les entrepreneurs, les financiers, les gens d'affaires, les médecins, les professionnels qui sont à ces niveaux de revenus supportent beaucoup plus que leur part. Ils acceptent, pour la plupart, ce lourd fardeau fiscal. Ils en comprennent l'utilité dans une social-démocratie. Or, en augmentant les taux d'imposition au-delà d'un seuil acceptable, on les encourage à s'installer ailleurs, on dit à ceux qui restent de travailler moins, on les incite au travail au noir.

Il est contradictoire qu'un parti qui prône l'indépendance ne prenne pas tous les moyens disponibles pour se doter d'une économie forte. On peut vouloir sortir d'un pays par ce que l'alternative qu'on nous propose est un nouveau projet de société vivant, stimulant, dont on a les moyens. On peut aussi vouloir sortir d'un pays parce que rien ne va plus, par ce qu'on se sent exploité, par ce que l'on n'a plus rien à perdre. Le PQ en est peut-être rendu à ce deuxième scénario: créons la misère pour forcer l'indépendance. En tout cas, il ne s'y prendrait pas autrement s'il en était rendu là.