Lorsque nous nous tournons vers l'avenir, nous constatons que le Canada a bien des raisons d'être optimiste. Au cours des récentes réunions du G8 et du G20, notre gouvernement s'est fièrement imposé comme un exemple de rectitude fiscale dans un monde chaotique, notre pays étant, bien objectivement, doté d'une des économies les plus fortes du monde industrialisé, pour ne pas dire la plus forte.

Comment cela s'est-il produit? Et bien, ce n'est pas arrivé du jour au lendemain, ni sous un seul gouvernement ou un seul parti politique. Cela s'est produit sur une période de presque 30 ans, parce que quatre gouvernements d'allégeances politiques différentes ont adopté des politiques économiques similaires, qui ont donné lieu à une croissance économique stable et ont créé une base solide pour la création d'emplois, un régime de financement public prudent et une identité nationale plus solide.

Des initiatives fondamentales de mon gouvernement, comme l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et l'ALENA, jumelées à une vague de privatisations, à des efforts de déréglementation intenses, à une réforme fiscale historique et à une politique de faible inflation, ont favorisé la réduction radicale des dépenses dans les programmes et celle du déficit, jetant ainsi les bases de la croissance et permettant au Canada d'être un concurrent sérieux dans un contexte de mondialisation rapide.

Jean Chrétien avait de très grandes décisions à prendre lorsqu'il a accédé au pouvoir en 1993. Il aurait pu renier nos accords commerciaux et notre réforme fiscale puisqu'il avait mené une campagne énergique contre ceux-ci. Mais il a choisi de mettre de côté la rhétorique de campagne et a soutenu ces deux initiatives, les transformant en piliers de la prospérité record du Canada.

M. Chrétien, avec l'aide du ministre des Finances Paul Martin, a utilisé les grands avantages économiques découlant du libre-échange et de la TPS pour éliminer graduellement le déficit et amorcer le remboursement de la dette d'une manière ordonnée. Et cette décision est tout à son honneur.

En agissant ainsi, alors qu'il sabrait dans les dépenses gouvernementales et faisait d'importants investissements dans la recherche universitaire, qu'il favorisait des progrès considérables en R&D et qu'il cherchait de nouveaux débouchés pour le commerce international, M. Chrétien a assuré la continuité de politiques qui n'étaient ni d'hier ni d'aujourd'hui, ni conservatrices ni libérales. Elles étaient canadiennes, conçues pour servir l'intérêt national et renforcer notre souveraineté.

Tout cela a été suivi par d'importantes mesures adoptées par le gouvernement Martin et par l'actuel gouvernement Harper, qui applique une gestion saine et impressionnante de l'économie et apporte des changements bénéfiques du point de vue de la fiscalité des sociétés et des particuliers, amenés par le ministre des Finances, Jim Flaherty. Toutes ces mesures ont renforcé nos finances publiques et nous ont permis de mieux résister que la plupart des pays aux effets catastrophiques de la récente crise économique.

La continuité essentielle des gouvernements, de Mulroney à Chrétien et de Martin à Harper, explique en grande partie ce qui fait le succès du Canada aujourd'hui. Personne ne devrait sous-estimer la valeur de cette continuité. Des politiques publiques sérieuses ne peuvent être élaborées et mises en pratique qu'au fil de décennies, et non pas au cours de mandats de quatre ans.

Nous avons eu la chance de voir des gouvernements d'allégeances différentes «accepter de se passer le flambeau» au cours des 30 dernières années, plutôt que de les voir tout arrêter et tout recommencer en se fondant sur des idéologies discréditées ou des intérêts personnels.

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Ce texte est extrait d'une allocution que M. Mulroney a prononcée le 3 octobre à Toronto, à l'occasion du 25e anniversaire de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.