La série d'articles de Marie-Claude Malboeuf sur les gourous, publiée dans nos pages depuis jeudi, suscite de très nombreux commentaires. En voici quelques-uns. Pour des raisons évidentes, nous avons accepté que certains de nos correspondants conservent l'anonymat.

Comme le dit la chanson, le gourou m'a rendu fou... mais on s'en sort. Parfois bien, parfois tout croche ou pas du tout. Le commun des mortels croit que des histoires comme cette dame morte dans la pratique d'un rituel en Montérégie organisé par une arnaqueuse, ça ne leur arrivera jamais.

Je suis un avocat retraité. Vers la fin trentaine, ma conjointe a quitté, me laissant seul avec mon fils de 12 ans, le chien et tout le reste. Elle m'a laissé pour un homme de 24 ans qui assumait comme seules responsabilités de laver ses bobettes et d'encaisser son aide sociale mensuelle. J'avais tout misé sur cette femme, le coeur, la confiance, l'amour, l'amitié, la sincérité, le partage.

Avec mon passé d'enfant abandonné, battu, maltraité dans des foyers d'accueil, j'ai développé un caractère qui ne faisait pas vraiment confiance à l'humanité. Et pourtant. Je m'étais donné la tâche de réussir et de garder ma famille unie contre vents et marées, et de me donner une carrière en faisant des études payées par mon travail.

La trahison, la peine, le vertige, la douleur physique et mentale insoutenable, ce sont les émotions que j'ai ressenties. Non, je ne suis pas tombé dans la violence conjugale, la drogue, l'alcool. Pourquoi? Je n'en sais rien. Je suis plutôt tombé en thérapie avec quelques gourous de ce monde. Même avec des psychologues membres de la corporation, qui vendaient des thérapies pour transpirer sous une tente, et autres traitements du genre. Des gourous qui vendaient des thérapies qui te faisaient perdre connaissance dans une piscine (ton désir inconscient de mourir s'estompait, paraît-il). Avec les années, des lectures, des réflexions, du sport, de la patience envers moi-même et des bons psychologues (pas facile de les trouver), le bonheur et la sérénité se construisent à nouveau.

Nous sommes tous fragiles à des degrés divers. Redisons-le 100 fois. Les lois criminelles et pénales sont trop tolérantes envers ces arnaqueurs manipulateurs et les ressources d'aide ne sont pas disponibles ou carrément absentes du paysage québécois.

Merci pour vos articles, Mme Malboeuf, tout en espérant que des personnes seront épargnées dans l'avenir de ces charlatans.

----------

Manipulatrice


Une femme a su soutirer beaucoup d'argent à un membre de ma famille. Elle est très habile et manipulatrice, donc dangereuse. En tant qu'individu, on se sent très impuissant quand un de nos proches se fait ensorceler par un gourou. Le gourou s'arrange pour faire croire à ses disciples que ce sont les autres qui sont dans l'erreur. Cette femme a fait beaucoup de tort à notre famille, mais elle est très habile et ne se fait pas coincer. Votre enquête a fait naître l'espoir en moi que son nom sera peut-être dévoilé et que des familles comme la mienne pourront aider leurs proches, à leur faire comprendre la réalité.

----------

Ça doit se savoir


Vous abordez un sujet qui me tient à coeur. Le manque de pensée critique est le pire fléau dans notre société présentement. Vous menez le bon combat et peu importe ce que les gens qui se sentent attaqués dans leur croyance vous diront, c'est très important d'en parler parce que des gens sont trompés quotidiennement. Peu importe les intentions des gens qui commettent ces actes, ils abusent de la confiance de gens désespérés. Ils ne sont pas formés pour conseiller leurs patients et leur font souvent plus de mal que de bien. Tout en usant d'anecdotes pour prouver que leurs traitements fonctionnent. J'espère que vous allez parler de ce qui différencie un traitement prouvé scientifiquement d'un traitement pseudoscientifique. Des méthodes que les scientifiques utilisent pour éliminer les biais et de l'importance de la reproductibilité des résultats.

Guillaume Bérubé