Les professeurs sont des enfants gâtés, ils ont deux mois de vacances par année et leur emploi est assuré. En plus, ils ne sont pas évalués et ils sont protégés par des syndicats puissants qui font peur au gouvernement. Cerise sur le sundae, ils n'ont pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Ils travaillent à peine 30 heures par semaine, sans compter les journées pédagogiques et celles de mise à niveau. Bref, c'est le paradis, une vraie sinécure!

Si tout cela était vrai, il y a longtemps que tout le monde sur ruerait sur ces jobs de rêve. Pourtant, on a peine à recruter de nouveaux professeurs qui gardent leur emploi plus de cinq ans. Le nombre d'enseignants qui souffrent d'épuisement professionnel est en croissance constante depuis quelques années.

Serait-ce parce que la réalité de l'enseignement est tout autre? Gérer des classes de plus d'une trentaine d'élèves n'est pas une mince affaire au quotidien. Cela demande souvent des nerfs d'acier et de la patience d'ange.

Les jeunes respectent leurs professeurs comme ils respectent leurs parents. Ni plus, ni moins. Quand certains parents trouvent difficile d'élever leur progéniture, ils n'imaginent pas comment ce rapport complexe est multiplié exponentiellement par la coexistence de 30 jeunes dans une même classe.

Mais au-delà des difficultés inhérentes à l'aspect professionnel de l'enseignement, c'est l'intimidation ordinaire à laquelle font face les enseignants qui détruit le plus leur estime d'eux-mêmes et celle de leur profession. Comment croire au sens de son travail quand il est dénigré par une partie de la population et par certains parents? Comment s'investir et s'accomplir dans son emploi, quand plusieurs jeunes manifestent de l'animosité générée ou encouragée par les préjugés envers le monde de l'éducation?

Car les préjugés et les stéréotypes sont tenaces. Le sourire en coin ou les yeux moqueurs des personnes à qui l'on dévoile notre profession témoignent d'un sentiment profond de mépris teinté d'indulgence condescendante à l'endroit des enseignants.

C'est ce mépris sous-jacent véhiculé par une partie importante de la population envers les enseignants qui mine le moral et qui fait souvent abandonner la profession par plusieurs jeunes professeurs.

Contrer l'intimidation à l'école commence peut-être par contrer celle subie au quotidien par les enseignants à l'école, mais aussi à l'extérieur...