La relance du manufacturier est nécessaire à Montréal, mais il n'y a pas que la métropole qui souffre du «mal industriel». Le Québec tout entier en est atteint.

Parmi les symptômes incontestables de cet affaiblissement du tissu productif québécois, mentionnons la baisse de l'emploi manufacturier dans l'emploi total au Québec. D'un sommet de 23% en 1981, le taux d'emploi manufacturier a chuté à 12% en 2012.

Il y a aussi une baisse du PIB réel du secteur manufacturier au Québec qui est tombé de 22,9% en 2000 à 16,1% en 2011. On peut penser que la part du manufacturier continuera à fléchir et qu'il se situera à la fin de 2012 près du taux d'emploi manufacturier.

De 2000 à 2010, la valeur des exportations québécoises sur les marchés extérieurs a diminué de 20%. De 74 milliards au début de la décennie, elle atteignait 59 milliards en 2010. La valeur des exportations à destination des États-Unis a, quant à elle, chuté brutalement de 36,7% au cours de cette période.

Tous ces chiffres témoignent de façon dramatique du niveau avancé de la désindustrialisation de l'économie québécoise. Et quoi qu'en pensent les tenants de la société post-industrielle, l'industrie demeure le socle d'une économie dynamique. La Chine, par exemple, en s'arc-boutant sur le secteur industriel, est passée en trois petites décennies d'une situation de pays sous-développé à celle de grande puissance économique mondiale, au deuxième rang devant le Japon.

En Occident, l'Allemagne a su depuis 2003 redynamiser son secteur industriel qui représente 20% de son PIB et 19% de l'emploi. Les effets bénéfiques de cette situation sont clairs: malgré la crise de l'euro, l'Allemagne a un taux de chômage de 5,8%, le plus bas depuis 20 ans. En 2011, la croissance du PIB allemand a été de 3%, lui permettant de réduire à 1% de son PIB le déficit public. Plus spectaculaire encore, l'économie allemande a su créer 535 000 emplois à temps plein.

En revanche, la situation française est tout autre. Avec un secteur industriel représentant à peine 12% de son PIB et 11% de l'emploi, la France ne cesse d'accumuler des difficultés. Son taux de chômage dépasse les 10%. Entre 2005 et 2010, le recul de la production industrielle a touché tous les secteurs manufacturiers. Entre 1989 et 2011, il s'est perdu en France 2,5 millions d'emplois à temps plein, majoritairement dans le secteur productif.

Le Québec peut continuer à s'inscrire dans une trajectoire de déclin industriel comme la France, ou bien opter pour une renaissance industrielle comparable à celle de l'Allemagne.

Si on choisit la voie allemande, pourquoi ne pas tenir des États généraux sur l'industrie afin de mobiliser l'opinion publique québécoise derrière cet objectif économique fondamental?