Les riches dans le tordeur des péquistes? Oui, et après? Faut-il  en avoir pitié? Craindre leur exode? Quant à moi, s'ils n'ont que leur portefeuille comme valeur, eh bien qu'ils partent.

Ne peut-on pas avoir d'autres façons de voir la vie qu'économiquement? Ne peut-on pas avoir une vision plus humaine de voir la société, que de simplement utiliser sa calculatrice pour faire ses choix de vies? Je ne vois pas vraiment de problème à ce que ceux qui ne pensent qu'à leur nombril s'en aillent au sud de notre frontière. Ils s'y reconnaîtront davantage qu'ici.

On aura moins d'argent pour se payer des programmes sociaux? Tant pis, on en aura moins.  Mais ceux qui resteront, le feront parce qu'ils croiront à une société plus juste.

Est-ce qu'ils se plaignent, dans les pays scandinaves, de payer des impôts parmi les plus élevés au monde? Pas vraiment, car ils ont des valeurs sociales de justice et d'équité. Ceux qui n'y croient pas, eh bien ils s'en vont. Mais je préfère ce modèle au modèle américain, plus capitaliste qui engendre de fortes disparités, qui amènent à son tour plus de violence. De toute façon, ce modèle nous amène droit au mur où l'on doit impérativement avoir une croissance, alors que les ressources ne peuvent pas suivre et iront inévitablement en déclin.

Le modèle capitaliste est une vision à court terme, où l'on ne pense pas beaucoup aux générations futures. Après nous le déluge. C'est l'aspect économique qui prime. Et j'en ai ras le pompon de cette façon de voir les choses, du discours où tout doit être calculé en terme monétaire, des gouvernements qui se targuent d'avoir mieux passé la crise qu'ailleurs dans le monde. Facile, nous n'avons pas les mêmes règles qu'aux États-Unis en ce qui concerne les hypothèques, et sommes peu dépendants de l'économie  européenne.

Peu  importe les actions faites ou non par nos gouvernements (canadien ou québécois), ils n'ont que peu d'influence sur le résultat final. De toute façon, lorsque ça va bien, nos leaders se lancent des fleurs, alors que lorsque ça va mal, c'est la conjoncture économique. Où se trouve l'imputabilité? Et après on se plaint du cynisme des gens face à la classe politique. Peut-être que s'ils mettaient leurs cassettes au recyclage, répondaient aux questions franchement, arrêtaient de nous prendre pour des valises et faisaient confiance en notre jugement, peut-être que l'on pourrait passer à autre chose.

J'ai pourtant beaucoup d'estime pour la classe politique. Ça prend beaucoup d'abnégation pour faire ce choix. Mais trop souvent les principes s'envolent et on joue la game. L'honnêteté paie beaucoup plus que ce que croit la classe politique. C'est leur crédibilité qui est en jeu. On n'est pas si dupe pour croire leur message au premier degré.

Par exemple, les journalistes ont largement décrié le fait que Mme Marois soit limpide face aux problèmes des urgences. On lui a reproché d'abdiquer. Il reste que sa position est nettement plus réaliste que de promettre un médecin de famille à chaque Québécois d'ici un an. D'ailleurs la population n'a pas été dupe, comme en font foi les résultats électoraux.

Je rêve d'une société plus juste, où ce ne soit pas le portefeuille d'un individu qui en déternine sa valeur, que l'on ait une pensée pour les autres autant que pour soi, avoir le désir de combattre les inégalités.

Ça peut paraître bien idéaliste pour certains, mais j'ai personnellement fait le choix de quitter ma profession d'ingénieur où je serais aujourd'hui bien plus confortable financièrement, alors que je ne m'y retrouvais pas. J'ai été bénévole avec des personnes en phases terminales, pour ensuite être préposé au bénéficiaire, et adopter une profession de la santé (ergothérapeute). Je ne suis pas à plaindre, je voulais seulement illustrer que les choix ne sont pas qu'économiques, et qu'on y accorde une trop grande importance. Je suis las de lire les André Pratte ou Alain Dubuc de ce monde avec des visions tellement au ras des pâquerettes (Michel Girard étant à mon avis plus pondéré).

Mais je ne plaindrai surtout pas les mieux nantis de la société qui devraient payer 52,5% ou 55,2% d'imposition. Si j'en faisais partie, j'en serais très fier. Car non seulement j'en aurais plus que nécessaire pour vivre, mais j'aiderais les moins nantis de la société. Je ne penserais sûrement pas à m'exiler pour faire quelques milliers de dollars de plus.

D'ailleurs, quand je vais visiter mes voisins du Sud, je me fais une fierté de faire le plein ici. C'est pas mal plus cher, mais au moins les taxes servent à financer nos programmes. Je rêve d'une société qui pense autrement qu'à son portefeuille, avec une vision plus large...