Il faut d'abord saluer l'élection de Pauline Marois, la première femme premier ministre de l'histoire du Québec. Malgré les événements tragiques du Métropolis, cette victoire ne doit pas être minimisée. C'est un grand pas pour notre démocratie.

Une victoire est une victoire même si elle n'est pas de l'ampleur espérée, et cette victoire, c'est en grande partie le résultat de sa détermination. Il faut espérer que le caucus et les militants du Parti québécois s'en souviendront et lui donneront la marge de manoeuvre dont elle aura besoin pour gouverner en situation minoritaire.

Mme Marois a raison de dire qu'elle a toute la légitimité de gouverner, y compris en matière de gouvernance souverainiste, mais un gouvernement minoritaire doit composer avec les autres partis à l'Assemblée nationale pour se maintenir au pouvoir ou s'assurer qu'un certain nombre de ses projets deviennent des lois.

La politique, c'est l'art du possible dans un contexte de rapport de forces. Pour préparer la souveraineté, le gouvernement du PQ veut rapatrier des compétences qui sont actuellement à Ottawa. Le rapport de forces se jouera à l'Assemblée nationale, mais surtout face au gouvernement conservateur.

Dans ce contexte, l'appui de la population va être déterminant. C'est pourquoi Pauline Marois doit profiter de sa présence au gouvernement pour mieux faire comprendre son programme devant mener à la souveraineté et le concrétiser par des propositions qui reçoivent déjà un fort soutien des Québécois.

Je pense, entre autres, à tout ce qui touche aux fondements de l'identité comme la culture et la langue. Le rapatriement de tous les pouvoirs en culture et le renforcement de la Charte de la langue française ont déjà un fort appui au sein de la population. Étant donné ce soutien populaire, prendre des initiatives dans ces domaines forcera peut-être des convergences entre les partis qui se disent nationalistes ou les amènera à faire des erreurs que le gouvernement péquiste pourra mettre à profit.

Le rapatriement d'autres compétences pourrait obtenir le soutien populaire. Je pense à l'assurance-emploi que le fédéral, sous les libéraux et les conservateurs, a réduit à peau de chagrin. Après les compressions des années 80, les conservateurs veulent encore réduire la portée de ce programme pour les travailleurs qui en ont le plus besoin, ce qui créera plus d'insécurité économique et pénalisera l'économie de nos régions. L'arrimage du programme d'assurance-emploi avec les mesures de main-d'oeuvre d'Emploi Québec permettrait de se doter d'une vraie politique d'emploi. Le nouveau gouvernement du Québec doit appuyer les groupes de chômeurs qui font la promotion de cette idée.

L'amélioration de notre démocratie est un autre domaine où des projets pourraient être lancés. Il faudrait s'attaquer aux distorsions générées par notre mode de scrutin, revaloriser le rôle des députés et revoir le financement des partis politiques.

Un gouvernement minoritaire peut prendre l'initiative dans bien des domaines, même si l'issue du débat à l'Assemblée nationale n'est pas garantie. Seules les questions budgétaires et fiscales sont automatiquement des votes de confiance. Un certain nombre de mesures de cet ordre, liées à la démarche citoyenne que sont les États généraux de la souveraineté, pourront contribuer à recréer l'unité des souverainistes.