Quand un parti est au pouvoir depuis longtemps, il en vient à se croire indispensable et à refuser de voir l'usure du temps. C'est évidemment le cas du Parti libéral, au pouvoir depuis 9 ans, et qui a un peu tendance à penser que les autres partis n'ont pas la maturité nécessaire pour le remplacer. C'est pour cette raison que l'alternance des partis représente toujours la meilleure garantie du maintien d'une saine démocratie.

Dans ce contexte, la possibilité que le Parti québécois prenne le pouvoir avec un gouvernement majoritaire est une bonne nouvelle en soi. Il y aurait des idées nouvelles ainsi que de nouvelles façons de faire qui ne pourraient qu'être bénéfiques dans leur ensemble.

La même logique s'applique aussi à la Coalition avenir Québec qui apporterait un vent de fraîcheur et de changements souhaitables.

Mais pour en revenir au PQ, il y a des éléments que les électeurs doivent prendre en considération de façon à pouvoir voter pour ce parti en toute connaissance de cause.

D'une part, même avec tous les défauts qu'on lui connaît, il faut admettre que le gouvernement Harper a cessé les ingérences fédérales dans des domaines de compétence provinciale, ce qui a longtemps été l'apanage des gouvernements canadiens précédents. Le déséquilibre fiscal a été réglé, même chose pour le dossier de la compensation pour la TPS. Le Québec a été reconnu comme une nation, du moins sur une base théorique.

Il est donc plutôt difficile pour le gouvernement du Québec, quel qu'il soit, de ne pas admettre que les compétences appartenant au Québec de par la constitution sont maintenant respectées.

Malgré cela, le PQ ne se laisse pas désarmer pour autant. Ne pouvant plus exiger ce qui lui revient de droit puisqu'il l'a déjà, il entend recommencer les chicanes, cette fois en exigeant le rapatriement de pouvoirs qui appartiennent de droit au gouvernement fédéral, notamment l'assurance-emploi et une partie des responsabilités en environnement. Même la propriété du manège militaire de Québec fera partie de revendications de la part du PQ.

D'autre part, c'est au niveau de la protection de la langue française et, par voie de conséquence, des droits des anglophones, que le bât risque de blesser le plus. Il y aura tout d'abord une «nouvelle» loi 101, ce qui ne pourra faire autrement que de raviver des passions.

Qui ne se souvient pas des chicanes qui ont suivi la mise en place de la loi 22 et de la loi 63, et finalement, de la première loi 101? Cette fois, on veut aller jusqu'à appliquer les dispositions de la Charte de la langue française aux cégeps, aux écoles de formation professionnelle et à l'éducation des adultes en plus de l'appliquer aux entreprises ayant de 11 à 49 employés.

Et pour conclure, le PQ interdirait aux nouveaux arrivants de se présenter aux élections s'ils n'ont pas une connaissance appropriée du français.

Admettons qu'il s'agit là de mesures qui ne peuvent que créer de l'agitation sociale et remettre à l'avant-plan les vieilles querelles entre francophones et anglophones, querelles que l'on croyait disparues, mais que le PQ remet de l'avant pour satisfaire sa clientèle de purs et durs.

Dommage, car toutes ces mesures viendraient ternir ce qu'il y aurait de positif avec un gouvernement péquiste majoritaire.