Ouf! La fin approche, et déjà on a l'impression qu'un vrai cirque s'est déroulé devant nos yeux lors des dernières semaines. Pour moi, comme pour bien d'autres jeunes, ce furent les premières élections que j'ai eu le loisir de suivre en tant que participante, et non plus comme simple témoin d'une course dont le dénouement se jouerait sans moi.

Bien sûr, j'ai donc suivi la campagne avec attention, prête à en découdre mentalement avec les propos que j'entendrais, à tenter de déceler les attrape-nigauds dans les discours, à mettre les faits et paroles à l'épreuve de la réflexion et de l'analyse.

De ce côté, j'ai été sustentée. Mais en même temps, j'ai été déçue par la place énorme qu'a tenue le «spectacle» lors de cette campagne. Même si je m'y attendais, me voilà étonnée de la charge disproportionnée de la forme sur le fond! Les publicités déclinées à toutes les sauces (négatives, populistes, racoleuses); les tweet-fights auxquels s'invitent candidats, citoyens et vedettes de tout acabit; les discours teintés de démagogie, de sourires enjoliveurs et de grands élans de passion; guerres de mots, guerres d'images, de cravates et souliers les mieux agencés; chasse à qui a pété trop fort, qui a les dents trop jaunes ou qui a embrassé le plus beau bébé.

Les débats des chefs en ont rajouté une couche alors que le but de l'exercice semblait être non pas de déterminer qui ferait le meilleur premier ministre, mais d'identifier lequel a le sens de la répartie le plus fin ou, à certains moments, lequel gueule le plus fort et a la meilleure capacité à éluder les répliques adverses. Et dire que certains font l'analogie entre le gagnant d'un débat et qui est le plus apte à diriger le Québec! À mon sens, les débats n'auraient dû servir qu'à mettre les programmes des chefs à l'épreuve les uns des autres, peu importe qui se révèlerait le débatteur le plus efficace...

Bref, plus je suis la campagne, plus j'en jase avec mon entourage, et plus j'élabore un parallèle me semblant très fidèle entre la campagne et notre téléréalité nationale, Star Académie! Si, si, voyez: dans les deux cas, la plupart des gens suivent les épisodes avec avidité; chacun déniche son «chouchou» et/ou son souffre-douleur; on s'intéresse non seulement aux performances, mais aussi (surtout?) aux attitudes et gestes de chacun durant sa vie quotidienne (l'équivalant des croustillantes anecdotes politiques saupoudrées - à outrance - dans les médias); on suit le «show» autant que les démonstrations d'aptitudes.

Dans les deux cas, beaucoup assistent aux éliminations et souhaitent énergiquement sauver untel ou voir disparaître une autre, mais beaucoup moins prennent la peine de voter! (Tiens, tiens, qui se reconnaît? Ne fait-on pas de même en période électorale?). Dans les deux cas aussi, j'ai l'impression - et j'espère me tromper - que bien des gens parmi ceux qui votent ne se basent pas sur la performance d'un candidat, ou si peu, mais davantage sur tout ce qui touche sa «peoplelisation». Dans le cas de la téléréalité, ce n'est pas si dramatique. Mais l'effet sur la gouvernance québécoise est éminemment pervers.

Oui, la politique sera toujours un gros spectacle. Oui, il est extrêmement facile de tomber dans le côté «distrayant» d'une campagne qui, ne nous le cachons pas, est beaucoup moins ennuyant qu'une analyse critique et objective des programmes de partis et compétences des chefs! Oui, les faits anecdotiques permettent quand même d'apporter un certain éclairage pouvant aider à arrêter son choix, mais pas à le déterminer! Mais le plus important est de ne pas se contenter de regarder le «show», et de réaliser que le premier rôle, c'est nous, collectivement, qui le tenons.