L'opinion de Pierre Simard intitulée «Voter n'est pas un devoir», qui a été publiée vendredi dernier, a suscité beaucoup de réactions chez nos lecteurs. En voici un échantillon.

Oui, voter est un devoir



Non, s'abstenir ne sert absolument pas de coup de semonce à l'élite politique. Le pourcentage de participation n'est pas une indication fiable de l'opinion de la population. Il est plutôt le reflet d'un je-m'en-foutisme déconnecté de la réalité politique. La meilleure façon de démontrer un ras-le-bol est d'annuler son vote. Alors, il n'y a pas de doute. Ne pas aller voter, c'est renier la démocratie. Une démocratie qui fait cruellement défaut à tant de pays. Se déplacer une fois tous les quatre ans n'est pas un exercice fastidieux. Nous devrions être fiers de le faire, peu importe ce que nous voulons exprimer. Le 4 septembre, exprimez-vous en allant voter. Si vous ne le faites pas, alors taisez-vous aussi pour les quatre prochaines années !



Colette Flageol, Montréal


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Votez plutôt en blanc


Je suis en profond désaccord avec M. Simard. Voter est un des plus beaux droits que nous avons et nous devons l'exercer. Cependant, je suis d'accord avec M. Simard sur le fait qu'il faut des fois manifester clairement aux candidats que nous ne soutenons aucun d'entre eux. Toutefois, il y a meilleure façon de le faire, selon moi : voter en blanc. On se présente pour exercer notre devoir civique (je crois fermement que c'en est un), puis on manifeste notre refus d'élire un des candidats qui se présente. Idéalement, si la majorité des votes d'une circonscription était annulée, on devrait alors avoir une nouvelle élection; cette fois-là, nécessairement avec de nouveaux candidats pour chaque parti. Qui ne dit mot consent, n'est-ce pas? Et ceux qui ne se présentent pas au bureau de vote ne devraient pas se plaindre du résultat de l'élection non plus.

Alexandre Cabral, Sherbrooke

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Annuler son vote, un geste réfléchi

D'accord avec M. Simard, sauf que j'ajouterais une précision: un coup de semonce encore plus percutant que l'abstention est de se présenter aux urnes... pour annuler son vote. On élimine alors toute ambiguïté quant à la possibilité que l'abstention soit due davantage à une paresse électorale qu'à un geste délibéré et réfléchi.

Guy Régnier, St-Jean-sur-Richelieu

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Allez, un petit effort

Ne pas aller voter, c'est de permettre au plus mauvais de peut-être entrer au parlement. Parmi tous les candidats qui se présentent, il y en a toujours un qui a un meilleur jugement. Par contre, il

faut les écouter et cela prend un peu de notre temps. Ne pas aller voter, c'est enfantin, c'est laisser les autres décider pour nous. Un peu de paresse, peut-être? En procédant ainsi, on n'a pas à dépenser 15 minutes pour aller voter et à écouter les débats. Une fois tous les quatre ans, ce n'est pas beaucoup pour ne pas regretter qui a été élu. Allez, un petit effort.

Antoine Tessier

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Faire honneur à notre droit

Voter est un droit pour lequel les générations passées se sont battues et nous devrions leur faire honneur. Il y a encore en 2012 des milliers de personnes privées d'un tel droit, privées de la chance de faire une différence dans leur propre vie. J'ai 20 ans et il s'agit de mes deuxièmes élections, mes premières provinciales. Aux dernières élections fédérales, j'étais fière d'entendre les jeunes autour de moi parler politique au restaurant, même si je n'étais pas toujours d'accord avec eux. C'est encore plus vrai aujourd'hui, où je sens un réel désir d'engagement dans la vie citoyenne de la part des jeunes que je côtoie. Malheureusement, mon échantillon n'est pas représentatif des 18-24 ans puisqu'ils sont souvent les moins nombreux à aller voter. En 2012, alors que tout le monde parle de changement, je trouve déplorable qu'on encourage les gens à rester chez eux le 4 septembre.

Chloé Marceau-Gosselin, étudiante

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Les absents ont toujours tort


M. Simard, vous soumettez que «l'absentéisme a le mérite de servir de coup de semonce à une élite politique déconnectée de ceux qu'elle aspire à représenter». M'est avis que vous faites fausse route sur toute la ligne et que ces quelques mots mal alignés témoignent du fameux «cynisme citoyen» dont il est question depuis tant d'années. Vous errez aussi quand vous soumettez que «le refus de l'électeur de cautionner les diverses positions politiques qui lui sont offertes remet en question la légitimité de ce pouvoir. Par exemple, lorsque le citoyen refuse de voter à l'aveuglette(...)». Or, il appert que vous omettez (en proposant l'abstentionnisme) la possibilité d'annuler purement et simplement son vote. Le fort pourcentage d'abstentionnistes lors des élections générales deviendrait une voix plus forte s'il se transformait en votes volontairement annulés. Comme les moutons qui sont menés vers la bergerie par leur berger, les abstentionnistes laissent une impression amère de... moutons. Trop confortablement assis dans leur salon, bien grassement endormis par le rythme de la vie moderne, ils ne daignent pas prendre le temps de se lever - ne serait-ce qu'une heure - lors des élections générales pour exprimer clairement leur désaccord (ou désintérêt) face au politique. «Les absents ont toujours tort», dit l'adage.

Jean-Marc Dalphond

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Chaque vote compte


J'ai appris de mon père que voter est le devoir de tout citoyen. Par respect pour la démocratie et par respect pour tous ceux qui ont lutté pour obtenir et préserver ce droit. Voter est un geste simple et humble. Où nous nous retrouvons tous égaux.  Un geste qui témoigne de notre confiance dans notre communauté (ici le Québec) et dans le processus démocratique. Quand on lit les résultats du vote, on prend le pouls de tout le Québec. Aucun vote n'est perdu. Chaque vote nous donne une indication, Chaque vote compte. Si vous souhaitez manifester votre insatisfaction générale par rapport à tous les partis en lice, il y a une façon très simple et démocratique de le faire : allez voter pour annuler votre vote ! Votre voix sera enregistrée ainsi que votre message.

Serge Cabana

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Vision naïve

Je comprends le point que M. Simard tente de faire dans son récent article, soit le fait que, souvent, lors de campagnes électorales, nous ne soyons animés par aucun des partis, leur chef, ni leur plateforme et qu'en conséquence, l'électeur puisse se sentir confortable à choisir de ne pas sortir le jour du scrutin. Cependant, je trouve cette vision complètement dépourvue de bon sens et de mérite, car elle encourage la paresse (physique et intellectuelle) ainsi que la naïveté politique et, du même coup, ne peut qu'entraîner, à moyen et à long terme, l'effritement de notre système démocratique pour lequel nos ancêtres québécois se sont battus si forts à obtenir et à préserver pour leur bien et celui des générations à suivre. À mon sens, des gens qui occupent des positions d'influence à titre d'enseignants ou journalistes, tel que M. Simard, se devraient d'aider les électeurs le plus possible à comprendre leur rôle et les encourager à forcer les candidats et leur chef à faire face à leurs préoccupations en tant que citoyens. Le fait d'encourager les électeurs à rester chez eux est totalement irresponsable, encourage le je-m'en-foutisme et le cynisme relativement aux élections, et ne peut que contribuer à élire des gouvernements de moins en moins représentatifs de la population qu'ils gouverneront quand même...

Sylvain Lasnier