Nous sommes le présent. Et nous serons aussi l'avenir. Nous y serons de plus en plus nombreux, et de plus en plus longtemps, si on se fie aux dernières statistiques. Et pourtant, on feint d'oublier les aînés, et on véhicule toutes sortes de préjugés à leur sujet.

Par exemple, j'ai été outrée de me faire dire par un étudiant que je serais un poids sur son avenir financier. Naïvement, il croyait que les aînés ne payaient plus d'impôts. Faut-il s'en surprendre avec tout ce qui est véhiculé à notre sujet?

Pendant la campagne électorale, pour intéresser les politiciens, nous ne porterons pas de carré de quelque couleur et nous ne frapperons sur aucune casserole. Ce qui aura pour effet de nous faire oublier, encore une fois. Chaque élection, j'ai tenté de sensibiliser les candidats à la présence des aînés et aux problématiques qui sont les nôtres. Je dois convenir que ce fut un redoutable échec.

Cette fois-ci, je m'adresse aux médias en espérant que l'on s'intéressera à la situation de l'hébergement des aînés, à la maltraitance, aux problèmes de retraite, aux soins à domicile, à la pauvreté, aux soins de santé et à ce bel effort de réflexion: mourir dans la dignité. Ma liste s'étirerait à l'infini. J'aimerais juste que l'on pose une question aux candidats de temps en temps. On me répondra que nous avons une ministre des Aînés. Et puis quoi! Ce n'est pas intéressant les vieux, ça se plaint, c'est bien assis sur leurs grosses pensions, ça ne contribue pas ou si peu au développement économique. Bof!

Depuis la crise de 2008, nous sommes entrés dans une profonde nécessité de réflexion. Les crises provoquent toujours un manque de confiance, un changement de valeurs, une vision nouvelle. Ce qui se développe comme perspective générera des situations que nous ne pouvons soupçonner aujourd'hui. Un petit coup d'oeil sur l'Europe nous sert d'exemple.

Quel que soit l'ampleur du choc à venir, la pire solution serait de nous monter génération contre génération, alors qu'au contraire, il faut instaurer un pacte entre nous, une solidarité québécoise sans pareil. Dont le premier élément redonnerait ses lettres de noblesse au communautaire pour espérer faire de la politique autrement.

Cette solidarité devrait débuter par un changement en profondeur du fonctionnement de notre Assemblée nationale. J'ai participé à tant de commissions parlementaires que je sais que l'on exploite mal le talent de nos élus. Pourquoi, par exemple, la période de questions ne pourrait-elle pas permettre au gouvernement et à l'opposition de bonifier les projets de loi au lieu de perpétuer la mascarade actuelle? Pourquoi n'entend-on jamais les députés dits d'arrière-ban? Alors qu'on gagnerait sûrement à écouter l'avis du plus grand nombre. Peut-être ferait-on diminuer le cynisme ambiant si l'on constatait le respect et la coopération qui s'instaureraient entre élus.

Pourquoi les partis politiques ne s'en tiendraient-ils pas à ce qu'ils appellent une plateforme électorale plutôt que de nous servir un tas de promesses qu'ils peuvent seriner à l'infini sans avoir envie d'en rire, alors que plus personne n'y croit?

Marthe Asselin Vaillancourt

Résidante de Jonquière, l'auteure a été décorée de l'Ordre du Canada en 2011 pour ses 50 ans d'engagement communautaire.