L'autre jour, avec un collègue, nous avons joué au sociologue et au devin pour découvrir, un peu à la manière des cabalistes, le chiffre caché de l'élection provinciale 2012. Et comme tous les bons ou mauvais experts, nous avons divisé la société québécoise en catégories, sans prétendre être sexiste, machiste ou autre.

En fait, nous avons tenté de brosser entre nous une probabilité de victoire soit pour les libéraux, les péquistes, les caquistes ou autres, fondée sur des catégories naturelles et socio-économiques à la fois.

Surprise! Mon distingué collègue et moi-même avons fini par nous entendre.

La grande inconnue de l'élection à venir est le vote féminin. Couvrons d'abord les sous-groupes acquis au Parti libéral, que ça nous plaise ou non.

Les anglophones du Québec et les communautés ethniques sont unanimement libérales. Les politiques d'immigration de ce parti, tant au fédéral qu'au provincial, les ont toujours favorisé. La récente réforme du ministre conservateur Kenney le leur a cruellement rappelé. C'est 20% de l'électorat.  

Les personnes âgées, en raison de la sécurité de la vieillesse et de la grande popularité du premier ministre Charest auprès de ces personnes - il suffit d'assister à un lunch de financement du Parti libéral pour y constater la moyenne d'âge - lui assure un appui indéfectible. C'est un autre 5%. Sans sombrer dans le cynisme, on comprend l'empressement des péquistes sur la question de Mourir dans la dignité.

Ensuite, il y a l'élite des gens d'affaires dans les secteurs de la construction, de la finance, du transport et des mines, et leurs employés. C'est beaucoup d'argent et un autre 5%.

Suivent celles et ceux qui n'iront pas voter ou qui vont annuler leur vote par dégoût existentiel : c'est 25% de l'électorat.

Finalement, et c'est là que ça risque de faire mal à Jean Charest, j'ai noté à mon distingué confrère que la construction et le Plan Nord  sont des fiefs masculins, ce qui l'a fait bondir, m'accusant d'être sexiste. Puis, il s'est mis à réfléchir. Le Plan Nord, c'est comme jouer au GI Joe ou à la guerre. Une gang de gars s'en va en hélicoptère faire des routes et de la prospection, un rappel de la Baie James. Quant à la construction, c'est un autre fief masculin.

Dans la grande stratégie Charest, il n'y a pas grand-chose pour les femmes de la classe moyenne, les étudiantes et les défavorisées. Et dans toutes les couches socio-économiques et catégories naturelles de la société, mesdames, vous composez près de 60% de l'électorat, à l'exception des groupes économiques et projets supportés par M. Charest. M. Charest vous a oubliées, mesdames, pendant que Stephen Harper coupe 20 000 emplois de fonctionnaires au fédéral, majoritairement des femmes.

En fait, Jean Charest n'est pas un libéral et ne l'a jamais été. C'est la créature de Brian Mulroney. Le vrai créneau libéral, connais pas! C'est un conservateur qui consulte Brian Mulroney en temps de crise, et non Paul Martin.

Le message de MM. Harper, Charest et les autres est clair : retournez à vos chaudrons mesdames, MAIS dans vos cuisines, et pas un mot ; un rappel de la vidéo libérale sur Pauline Marois, pendant que les ti-gars jouent à la guerre dans le nord et aux bras sur les chantiers. On coupe dans la science, la santé, la recherche et la culture; on finance Nascar, le schiste et tout ce qui est sale. Et les éoliennes? C'est mauvais pour la santé! Wow! On dénigre l'OTAN (C-10) et les Nations unies (Loi 68), rien de moins. Puis vive l'amiante! On aide les victimes d'actes criminels en fermant les yeux sur le crime organisé. En avez-vous assez? Moi, oui!

Et le vote des femmes dans tout ça? La grande inconnue... Jean Charest aurait dû faire des annonces importantes dans les domaines de la famille, de la santé, de l'éducation ou de la culture. Nada! Il a oublié.

Mais surtout, il a oublié que Pauline veut devenir la première femme première Ministre du Québec, ce que les femmes veulent aussi et beaucoup d'hommes.

Il y aura peut-être une vague mais elle ne sera pas libérale, avons-nous conclu.