Aujourd'hui est un autre jour où des milliers de personnes assistées sociales vont encore se faire renfoncer, dénigrer, insulter, puisque Postes Canada s'est dégagé d'une entente qu'il avait avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui l'engageait à livrer les chèques d'aide sociale pour le 1er du mois.

À cette annonce, la réaction de la ministre Julie Boulet a été d'encourager les personnes à s'inscrire au dépôt direct, comme si tout le monde à l'aide sociale avait les moyens d'avoir un compte bancaire.

On ne sait pas ce qui va arriver aujourd'hui. Peut-être que tout le monde aura son chèque comme prévu et qu'on pourra payer notre loyer ou faire l'épicerie, mais ce qui est certain, c'est qu'avec la fin de cette entente, on n'en est plus certain. Une autre belle façon de rendre encore plus précaire des conditions de vie qui le sont déjà trop!

Peu de personnes entendront parler de ce désengagement de la part de Postes Canada, comme peu de personnes savent ce que c'est que de vivre avec l'aide sociale.

Néanmoins, il existe des organisations qui agissent comme des chiens de garde, qui surveillent avec beaucoup de craintes ces changements, et qui jappent quand ça en est trop.  Parce que, hélas, c'est tout ce qu'elles ont les moyens de faire pour le moment.  Si les étudiants ont pu s'imposer sur la place publique pour défendre une éducation libre et accessible, c'est qu'ils se sont organisés et qu'ils ont eu les moyens de le faire.

C'est exactement ce que les personnes assistées sociales, pour ne parler que de ce « groupe de personnes » n'ont pas; les organismes communautaires autonomes qui se consacrent à la défense collective des droits sont parmi les moins bien financés du réseau communautaire.  

Ainsi, le Ministère peut très facilement, à chaque fois qu'on parle sur la place publique des conditions de misères qui sont faites aux personnes à l'aide sociale, nier le problème en réagissant dans les médias comme ce fut le cas suite à un article paru dans l'édition du Devoir du 23 juin dernier qui faisait mention d'un documentaire que le RAJE citoyenne a réalisé dans lequel on peut entendre des jeunes parler des problèmes qu'ils ont vécu à l'aide sociale.  Et ce fut également le cas lorsque des groupes de Lévis, de l'Outaouais ou du Saguenay se sont mobilisés pour dénoncer les piètres services qu'on reçoit à l'aide sociale.

À chaque fois qu'une parole citoyenne émerge, le Ministère se contente de l'enterrer en niant le problème et en rappelant les maigres miettes qui sont laissés aux pauvres.  À chaque fois, on coupe court à une volonté citoyenne d'amorcer un dialogue qui nous permettrait de mailler ensemble notre fi let social abimé.

Je suis inquiet pour notre avenir.  Et j'en suis d'autant plus inquiet parce que je vois très peu de nos concitoyens s'en inquiéter.