L'été pointe déjà son nez après notre beau printemps québécois. Avec tout ce qui se passe au plan politique depuis quelque temps, notre crise sociale bien à nous, on a peu fait mention de ce qui débute en juillet, les festivals de la fierté gaie un peu partout dans le monde, celui de Toronto étant l'un des premiers de la saison.

Les médias américains et canadiens-anglais ont tous parlé de la célébration organisée par le Pentagone, la semaine dernière, afin de célébrer ce mois de la fierté. Ceci est un signe clair, malgré le fait qu'il reste beaucoup de chemin à faire pour une meilleure acceptation des différences sexuelles, que les mentalités évoluent depuis l'abrogation de la loi du silence sur l'orientation sexuelle dans l'armée américaine, communément appelée « Don't ask, don't tell ». Plusieurs se sont même dits très fiers d'avoir pu évoluer autant en un an et je suis complètement d'accord. Dans les dernières décennies, nous, en tant que personnes LGBTQ (lesbien, gai, bisexuel, transsexuel et en questionnement), avons obtenu plusieurs gains au niveau de nos droits et j'en suis bien heureux. Pensons à tous les enjeux sociaux pour lesquels nous avons milité et pour lesquels nous avons obtenu gain de cause. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Le but ici est de souligner qu'il est, à mon sens, bien déplorable que beaucoup d'individus de notre communauté aient cessé de se battre pour leurs droits et croient qu'ils en ont assez gagné. Je sens que beaucoup de membres de la communauté gaie ont cessé de penser à ceux et celles qui ne vivent pas leur sexualité comme plusieurs peuvent la vivre. Il est, à mon avis, très fâcheux de voir des personnes qui furent autrefois marginalisées, faire vivre la même chose a des membres de leur communauté. Pensons entre autres aux lesbiennes, aux bisexuels, aux intersexués et aux transsexuels. Nous pouvons croire ce que l'on veut, la communauté homosexuelle n'en est pas une d'ouverture et d'acceptation, mais une où l'on reproduit le concept de l'homme stéréotypé comme seule norme acceptable.

Je déplore la tenue de ces grandes fêtes où promiscuité sexuelle et drogue dominent l'espace aux dépens de ce qu'était ce festival ; la lutte pour nos droits et l'évolution de la perception de notre société face aux réalités LGBTQ. En ce début des festivités de la fierté gaie dans le monde, j'invite tous et toutes à prendre un instant pour penser à une lutte qui est la nôtre et à une action à mener pour faire évoluer cette lutte. Nos efforts individuels et collectifs seront responsables de notre évolution en tant que peuple. En tant que communauté qui s'est battue pour être inclue, soyons inclusifs et permettons à tout un chacun dans leurs ressemblances et leurs différences d'être acceptés au-delà des perceptions «normalisantes» de notre société et d'avoir droit à une réelle justice et solidarité sociale.