Lundi matin 7h, aux Escoumins. Lever de soleil sur la mer alors que je prends mon premier café sur la galerie. En tant qu'externe junior qui termine sa première année d'externat en médecine, je dois faire un stage de six semaines en région en médecine familiale.

Au programme, un 8 à 4 aux urgences. Tendinite, pneumonie, dépression, lombalgie chronique, des points de suture, douleur abdominale, des enfants, des personnes âgées... Du temps passé avec un omnipraticien de la région, plusieurs commentaires constructifs, les réponses à mes questions, des rires échangés et même parfois un commentaire positif: «Aimes-tu ça, la pratique d'urgence? Ça paraît, tu fais bien ça.»

À 16h, je retourne à mon appartement. Au menu, pizza aux fruits de mer, préparée par ma copine venue me rejoindre ici. Tout à l'heure, nous irons sur le quai pour pêcher (du moins essayer) quelques morues.

Pas faciles, les études de médecine.

À lire l'article «Médecine: des étudiants en détresse» paru dans La Presse mercredi dernier, on pourrait croire que les études médicales sont un véritable calvaire. Anxiété, dépression, insomnie, alcool, suicide... Aie, aie, aie! Cependant, peut-être devrions-nous prendre le temps de bien regarder la situation.

Je fais partie des 13% des étudiants ayant augmenté leur consommation d'alcool depuis le début de leurs études de médecine. Pas surprenant, j'avais 19 ans en commençant et je sortais très peu auparavant: ma vie sociale a commencé lors de mes études de médecine.

Je fais également partie des 60% ayant réduit leur cercle d'amis hors médecine. Difficile de faire autrement lorsqu'on rencontre autant de gens avec qui nous avons des intérêts communs, des partys, des activités hors contexte scolaire, avec lesquels nous vivons les mêmes stress, les mêmes joies. Il est normal que notre cercle d'amis se recentre sur le domaine médical.

Loin de moi l'idée de minimiser le stress des études médicales. J'ai éprouvé ma part d'anxiété avant les examens, je peux vous en assurer. J'étais aussi de moins bonne humeur lorsque je faisais des journées de 12 heures lors de mon stage de chirurgie. Nous avons tous eu nos moments difficiles et il est vrai que ce programme comporte une plus grande proportion d'étudiants souffrant d'anxiété et de dépression.

Mais il ne faut pas exagérer et il faut mettre les statistiques dans leur contexte! Dix pour cent des étudiants prennent des somnifères, 19% sont témoins d'intimidation, 17% pleurent tous les mois? En quoi ces statistiques chez les étudiants en médecine diffèrent-elles de la population en général?

Et que dire des bons moments! Les initiations, les activités sportives entre amis, l'implication sociale des étudiants, les partys post-examens et surtout post-année scolaire. Et la joie d'arriver enfin dans l'hôpital en stage, de voir la médecine de ses propres yeux et surtout de la toucher de ses propres mains, d'apprendre à un rythme fou et de sentir qu'on aime ce qu'on fait!

Bien sûr que les études médicales sont difficiles et stressantes. Comment en pourrait-il être autrement lorsqu'on réunit tout plein de premiers de classe performants et qu'on nous apprend à nous occuper de ce que les gens ont de plus précieux, leur santé? Mais il faut relativiser. Et il ne faudrait surtout pas décourager les jeunes cégépiens et autres universitaires à s'engager dans ce parcours!

Selon mon expérience, la majorité des étudiants s'en sortent très bien et aiment ce qu'ils font. Et lors des moments plus durs, de l'aide est toujours offerte et facilement accessible. Ce que j'aime le plus en médecine, au-delà du côté scientifique et médical, c'est le côté humain: une aide sera toujours apportée à celui qui en fait la demande.