Montréal forge, de plus en plus, sa renommée sur une gastronomie qui lui est propre. Tourisme-Montréal lancera, en novembre 2012, MTL à table, 10 jours gourmands pour attirer non seulement les touristes épicuriens, mais les Montréalais reconnus pour leur fin palais et leur joie de vivre qui s'exprime par de nombreux festivals, événements et spectacles de rue.

C'est dans cet esprit que je propose de faire revivre autrement la «bouffe» de rue qui a quitté nos quartiers il y a maintenant 50 ans pour la remplacer par une «cuisine» de rue. J'accueille favorablement l'ouverture d'esprit de la Ville qui vient d'annoncer une consultation publique à cet égard.

J'aime Montréal, j'en suis fier et j'aimerais que la gastronomie descende dans la rue. Oui, à la cuisine de rue de qualité, mais à la condition d'avoir une législation sérieuse et rigoureuse.

Je ne préconise pas le retour des anciens camions à patates aux odeurs de graisse, insalubres et encombrants. Ni l'envahissement de roulottes au centre-ville à proximité de restaurants existants.

Pensons plutôt à des camions qui pourraient être d'anciens véhicules de livraison complètement refaits avec cuisines de préparation, fraîchement peints, attrayants et propres, à l'image inventive de Montréal.

Les endroits privilégiés seraient les parcs (Gamelin, Jeanne-Mance, La Fontaine, Mont-Royal et autres), les festivals, spectacles de rues et petits marchés locaux en haute saison.

Les plats cuisinés proviendraient de restaurants existants qui ont déjà une réputation - une extension cohérente de leur cuisine (surtout pas de chaînes).

J'imagine une cuisine faite de produits locaux d'une fraîcheur irréprochable, des plats savoureux que l'on mange sur le pouce. À la façon d'un traiteur, la cuisine du camion servirait à réanimer les plats déjà partiellement préparés pour ensuite dispenser des petits menus rapides aux festivaliers et promeneurs dans les parcs. (Quant à moi, je n'ai aucune intention personnelle, j'ai déjà le bonheur d'exploiter la Brasserie T! , un genre de «wagon sans roues» bien ancré au coeur du Quartier des Spectacles!)

Ces camions pourraient être gérés par une association à l'exemple du système BIXI, c'est-à-dire une gestion indépendante de la ville qui n'est pas spécialiste en restauration. L'association aurait des standards à faire respecter, une réglementation sur le type de camions autorisés, la qualité de la cuisine, le contrôle de salubrité, le choix des lieux d'exploitation, le tout en concertation avec la ville qui recevrait les contributions reliées aux permis.

Cette association déterminerait le nombre de camions autorisés par catégorie, par exemple - tacos, sandwichs gourmets, grillades, soupes et autres délices et interdirait la proximité du camion à un restaurant de même catégorie. L'association serait le point de chute pour les réservations de camions destinés aux événements et contrôlerait la disponibilité de ceux-ci.

Pour les restaurateurs qui sont craintifs, je leur dis de se méfier davantage du nombre explosif de permis accordés à de nouveaux établissements. Je remarquais récemment dans mon quartier, quatre «petits nouveaux» sur le même coin de rue! Cette explosion de nouveaux restaurants est beaucoup plus inquiétante que l'autorisation d'une vingtaine de camions de cuisine de rue qui se rendraient aux endroits désignés où les clients sont déjà sur place et en abondance.

Il y a une demande de la part des Montréalais et certains restaurateurs sont déjà sur la ligne de départ.

À l'aube du 375e anniversaire de Montréal en 2017, osons maintenant le retour de la cuisine de rue, version XXIe siècle, à l'image du Montréal gastronomique et fantaisiste.