M. Tremblay a parfaitement raison de dire mea-culpa. Plusieurs parents, probablement influencés par la lecture de livres écrits par des gourous de l'éducation, ont créé la mode de «l'écoute des enfants». Comme dit si bien M. Tremblay: « Écoutons-les».

Avec toute son expérience, il  devrait pourtant savoir que la vie n'est pas «un jardin de roses» et qu'un bon jour, il y aura des difficultés, petites ou grandes: perdre son emploi, ne pas avoir la promotion espérée. Ou pire: la maladie, la mort d'un enfant ou la perte d'un parent. Qui, à mon âge (65 ans) n'a pas connu une ou plusieurs de ces difficultés?

De mon côté, je les ai malheureusement toutes connues. Malgré ces embûches, j'ai réussi ma vie et, avec beaucoup de persévérance, j'ai réalisé tous mes rêves. Parce que mes parents m'ont préparé à faire face aux difficultés de la vie, je n'aurai jamais assez de mots pour leur dire merci de ne pas m'avoir toujours dit oui. Comme beaucoup de parents de cette génération,  ils n'avaient que le gros bon sens pour éduquer leurs enfants.

En disant toujours oui à nos enfants, les prépare-t-on pour l'avenir? Dans le conflit étudiant, il y a conflit de générations et par le fait même de pensée idéologique. On vit à l'ère du «tout m'est dû». Pour ce qui est de la reconnaissance, on repassera.  «Merci» et «s'il vous plait» sont disparus du vocabulaire des enfants-rois.

Pas besoin de faire une grande étude anthropologique pour constater que les mieux nantis de ce monde sont souvent les plus revendicateurs (lire les plus braillards). Les droits de scolarité les plus bas en Amérique du Nord, ce n'est pas assez. Cinquante sous par jour, c'est trop.

Plusieurs  enseignants, protégés par un syndicat extrêmement fort, décident de porter le carré rouge et sont souvent plus extrémistes que les étudiants eux-mêmes. Pourtant, même en étant dans l'illégalité sur les lignes de piquetage, ils ont réclamé leur salaire sans faire le travail pour lequel ils sont payés. Pour la solidarité étudiante, on repassera!

Une meilleure répartition de la richesse, avez-vous dit? Allez donc demander aux camarades bien nantis, qui affichent fièrement un carré rouge. Ils vont se sauver avec la caisse de retraite à 55 ans. Moi d'abord, les camarades (étudiants) ensuite.

De quel gâchis parle M. Tremblay? Tous nos politiciens sont corrompus? Sur les 125 députés à l'Assemblée nationale, combien sont corrompus? Cinq à 10? C'est déjà trop, j'en conviens. N'y a-t-il pas des députés honnêtes qui ont à coeur le bien-être de leurs concitoyens? De quelles injustices sociales parlez-vous? Les garderies à 7$, les congés parentaux, l'aide juridique? Après avoir visité 85 pays sur les cinq continents, je peux assurer les citoyens du Québec que j'ai vu pire. Au Québec, on a encore le droit de manifester (même avec des casseroles), de contester des amendes  devant les tribunaux et d'aller voter.

J'ai l'impression de ne pas vivre dans le même pays que M. Tremblay. Ici, avec un peu de bonne volonté, tout est possible. Même un cracheur de feu de La Malbaie a réussi à bâtir un des plus gros empires du monde, le Cirque du Soleil. Croyez-vous sincèrement  que Guy Laliberté n'a jamais eu à faire face à un NON dans sa vie professionnelle? De même que Jean Coutu? Et nos créateurs qui représentent le Québec à travers le monde, ils l'ont eu facile?

Il ne faudrait pas perdre de vue que 70% des étudiants ont complété leur trimestre et se préparent un brillant avenir. Ce sont eux l'avenir du Québec. Les camarades anarcho-syndicalistes qui promettent à leurs concitoyens une répartition de la richesse collective, la fin du gaspillage et des mensonges, sont dans la pensée magique où ne connaissent pas l'histoire de l'humanité.

Heureusement qu'il y a des Québécois plus réalistes qui  n'ont pas choisi la rue comme système démocratique. Je sais qu'il n'est pas parfait, notre système parlementaire, mais c'est celui que les fondateurs de la nation ont choisi comme étant le moins pire. Oui il y a des lacunes, oui les jeunes, comme les générations précédentes, auront des défis à relever. Donnons à nos enfants les outils nécessaires pour les aider à réaliser ces rêves.