Voici quelques réactions de lecteurs à l'opinion d'Yvan Loubier intitulée «Un psychodrame à 50 cents», qui a été publiée hier.

Un gouvernement inerte

Tommy Allen, Rouyn-Noranda

M. Loubier, vous vous désolez du spectacle qu'offre le Québec au reste du monde «depuis plus de 100 jours» et de son impact sur notre réputation à l'étranger. Vous avez raison: c'est en effet extrêmement désolant! Mais pourquoi ne questionnez-vous pas, ne serait-ce qu'un instant, l'inertie du gouvernement dans ce dossier? Neuf semaines avant de bouger? Vous trouvez que c'était stratégiquement la meilleure décision? Ce gouvernement n'a-t-il rien retenu des leçons du parc du mont Orford? Du Suroît? Du gaz de schiste? De l'enquête sur l'octroi des contrats publics dans l'industrie de la construction? Vous avez raison: grâce aux nombreux départs à la retraite au cours des prochaines années, les perspectives d'emploi pour les jeunes du Québec sont encourageantes. Alors, pourquoi ne pas demander aux futurs diplômés de contribuer au financement des études universitaires une fois seulement qu'ils seront salariés, en payant leurs impôts, au lieu de les endetter davantage maintenant (au grand bonheur des institutions financières)? Ne s'agit-il pas de la manière la plus équitable de faire sa «juste part» ?

La jeunesse québécoise ne devrait pas se plaindre, n'est-ce pas, puisque sa situation n'est en rien comparable à ce que vivent et vivront les jeunes en Grèce et en Espagne. Décidément, vous aimez bien que le Québec se compare aux pays les plus mal en point! Faut-il se réjouir de perdre un oeil, M. Loubier, parce que notre voisin a un cancer du poumon? Et vous qui aimez tant les comparaisons, vous ne souffrez pas qu'on fasse des liens entre la situation actuelle et la Révolution tranquille? Pourtant, comment ne pas voir un recul par rapport à ce modèle que le Québec s'est donné au cours de cette période, quand on constate le désengagement de l'État dans l'éducation, alors que la gratuité scolaire était à ce moment l'objectif visé? Et que dire de la loi d'exception? Sommes-nous plus proches de la Révolution tranquille ou de la grande noirceur avec cette mesure inique?



Une analyse sensée


Le texte de M. Loubier est sans aucun doute ce que j'ai lu de plus sensé, de plus juste, mais aussi de plus dérangeant depuis le début de ce psychodrame, comme il le nomme si bien. Il met bien en relief la dichotomie réelle entre ce qui se passe ici et de grandes tragédies sociales et politiques qui sont survenues à l'étranger et qui ne sont absolument pas du même ordre de grandeur. Y faire référence symboliquement (casseroles), je trouve également cela profondément déplacé. De plus, comment une minorité d'étudiants, regroupés surtout à Montréal, a pu faire tant de brassage alors que la très grande majorité des étudiants a voté contre la grève dans les cégeps et universités partout au Québec? C'est un conflit qui n'aurait pas dû avoir lieu.

- Luc Béland, Gatineau



Gouvernement
à 50 cents

M. Loubier, votre rhétorique du conflit à 50 cents est vraie. Le grand perdant est le Québec entier. Non pas à cause des manifestants, mais bien par la faute du gouvernement libéral qui, au lieu d'écouter, a fait le pari du laisser-aller. Force est d'admettre qu'il a totalement perdu son pari. On perd la face devant le monde entier, même l'ONU s'en mêle! Jamais le Québec n'aura eu pire comme gouvernement à 50 cents.

- Normand Renaud, Laval



Au nom des silencieux


M. Loubier, si j'avais été aussi articulée et courageuse que vous, j'aurais écrit la même lettre ouverte. Merci de l'avoir fait pour nous, les silencieux, qui n'osent pas émettre d'opinions opposées à tous ces joueurs de casseroles. Je suis une citoyenne qui n'en peut plus de voir sa société mise à mal pour quelques centaines de dollars.

- Danielle Daveluy



Un système généreux


Mes remerciements à M. Loubier pour son texte. Son opinion rejoint celle des travailleurs qui financent le système au Québec, un des plus généreux en Amérique du Nord. Quant aux parents qui déambulent dans les rues en claquant sur des casseroles, ils ne se rendent pas compte du dommage potentiel de ce bruit aux oreilles fragiles de leurs enfants qui les accompagnent.

- Lucille Angers