Comme consommateur, j'observe depuis un bon moment déjà un phénomène commercial qui se répand comme une traînée de poudre : le changement imperceptible du format de plusieurs produits du commerce, changement toujours réducteur qui prive le consommateur d'une partie du produit acheté sans qu'il en ait conscience, car visuellement, on ne perçoit rien.

J'ai constaté ce phénomène pour la première fois il y a un peu plus d'un an lorsque par curiosité, j'ai examiné le volume de deux contenants de jus d'orange de la même marque achetés à quelques semaines d'intervalle.  Ce qui avait attiré mon attention sur cet état de choses, c'était la publicité faite à la télévision à l'effet que ledit contenant était le résultat du pressage de 18 oranges alors que sur le contenant que je possédais, on indiquait 16 oranges. J'ai donc porté attention à la capacité du contenant pour m'apercevoir qu'il était passé de 1,87 litre à 1,75 litre.  Après avoir communiqué avec la compagnie, celle-ci me répondit à travers un beau discours ronflant que les consommateurs préféraient continuer à payer le même prix même si la quantité était réduite ! En fait de mauvaise foi, faut le faire.

Depuis cet événement, comme je suis celui qui fait les courses à la maison, j'ai porté attention au format de divers produits et j'ai constaté que ce cas était loin d'être unique.  Que ce soit le café, les biscuits (et là, je vous prie de me croire que c'est plus qu'évident avec des boîtes ayant de plus en plus de carton et de plastique à l'intérieur et de moins en moins de biscuits), les boîtes de conserve de toutes sortes et même du déodorant.  Eh oui !  Cette semaine, je constatais qu'une marque de déodorant était passé de 92 g à 85 g avec la mention « nouveau look, même protection fiable ».  Évidemment, il est absolument impossible de s'apercevoir de cette réduction à moins de savoir ce que l'on cherche et de porter attention à cet aspect.

Il me semble que l'Office pour la protection du consommateur devrait s'attarder à  la question et passer en revue divers produits et leur « évolution ».  D'une manière ou d'une autre, la loi ou le règlement qui en découle devrait obliger les compagnies qui modifient leurs formats à la baisse, à l'inscrire clairement sur la nouvelle étiquette afin qu'elle ne puisse berner le consommateur.  Des expressions sibyllines telles que « nouvelle présentation, même bon goût » ou « nouveau look » sont équivoques et laissent croire au consommateur que le changement n'est que cosmétique ce qui, bien entendu, est ce que la compagnie désire laisser croire.

D'ici à ce que l'Office prenne bonne note de ce phénomène et qu'il déploie quelques enquêteurs pour y regarder de plus près, il ne reste qu'à inviter les consommateurs à porter attention à cet aspect de leurs achats, car au bout du compte, nous sommes les perdants.