Les étudiants devraient accepter l'offre du gouvernement, car cela leur permettrait de ne pas payer plus cher leurs frais totaux à l'université l'automne et l'hiver prochains. D'ici là, des élections auront été déclenchées et la décision d'augmenter les droits de scolarité pourrait être abolie aux urnes en élisant le Parti québécois.

Du côté du gouvernement, l'offre permet au Parti libéral de régler temporairement le conflit sans perdre la face en maintenant la hausse annoncée des droits de scolarité. Ainsi, Jean Charest a pu terminer le conseil général du PLQ sur une note positive tout en pouvant déclencher des élections à tout moment.

Bien sûr, le texte de l'offre du gouvernement prête à de multiples interprétations et demeure très nébuleux sur les sommes d'argent qui pourraient être dégagées par une saine gestion des universités. Le fonctionnement du conseil provisoire et les modalités de transfert des épargnes envisagées ne sont pas définis dans le détail. C'est d'ailleurs ce qui explique l'incertitude qui règne à la suite de la signature par toutes les parties de cette offre qui, on le comprend, constitue une entente de principe.

Samedi, on a convenu des grandes lignes d'une gestion plus serrée et surveillée des universités. On s'est également mis d'accord pour que les étudiants ne paient pas un sou de plus au cours des deux prochains trimestres universitaires. Le gouvernement portera l'augmentation dans un compte à payer qui pourra être compensé par une diminution des frais institutionnels obligatoires (FIO). Jusqu'à quel montant cette diminution pourra-t-elle réellement compenser l'augmentation des droits? Cela reste à déterminer. C'est le risque que prennent les leaders étudiants en affirmant que la compensation sera totale.

Toutefois, avant que les étudiants ne versent réellement un sou de plus pour payer la facture de l'augmentation des droits de scolarité, il y aura des élections. Peut-être que la donne aura changé, surtout si les étudiants s'impliquent en aussi grand nombre et aussi intelligemment dans la prochaine campagne que lors de la grève.

Quoi qu'il arrive, les étudiants ont réalisé des gains importants. Bien sûr, ils ont obtenu des avantages substantiels sur l'accessibilité à l'université par la bonification du programme des prêts et bourses et la constitution d'un lieu de discussion sur l'avenir des universités. Mais plus fondamentalement, des leaders étudiants brillants ont été découverts par l'ensemble de la population. Les jeunes ont aussi compris l'importance de s'impliquer socialement et l'on fait comprendre à plusieurs citoyens désillusionnés. Enfin, ils ont fait preuve d'une solidarité exemplaire.

Il est temps de passer à un autre niveau pour les étudiants en grève. Le retour en classe n'est pas un repli. C'est une judicieuse décision stratégique afin de prendre ce qui est sur la table et revenir en force lors du prochain scrutin. Pour les professeurs comme moi, il est temps d'enseigner à tous nos étudiants en faisant preuve de sagesse, tout comme eux.