La prétention de Gabriel Nadeau-Dubois à l'effet que les membres de la CLASSE ne peuvent reconsidérer la question de ladite «grève» est horriblement fausse et transgresse honteusement les principes les plus fondamentaux inspirant les mécanismes démocratiques.

L'assemblée délibérante, chacun le sait maintenant, celle des plus petits syndicats de copropriété jusqu'aux congrès politiques ou syndicaux, est régie par des règles de fonctionnement axées sur la liberté de parole, la protection des minorités et le caractère souverain du vote majoritaire.

La CLASSE bafoue ces principes avec un mépris institutionnel de la volonté de ses membres réunis en assemblée. Son porte-parole soutenait jeudi devant les caméras et à la face de la population du Québec, sans rougir, que l'organisme est lié par ses règles internes d'assemblée délibérante et se doit d'exiger un appui des deux tiers des membres présents pour reconsidérer le vote de grève.

Il faut que les étudiants visés sachent qu'ils sont floués honteusement par des manipulateurs sans scrupules ou par des dirigeants dont l'ignorance crasse devrait les propulser sur les bancs d'école.

Quelle absurdité! Il faudrait d'abord un vote des deux tiers pour apporter un sujet en délibération, puis ensuite une majorité simple pour prendre position. On permettrait à une petite minorité d'un tiers de bloquer le fonctionnement démocratique d'une organisation. Il n'est point besoin d'être un génie pour être renversé par le ridicule d'une telle perspective. Un ridicule qui frôle l'imbécillité s'il relève d'autres sources que la tentative de manipulation.

La réalité des choses est que «la reconsidération de la question» est soulevée au cours d'une même session de l'organe délibérant et doit concerner une décision déjà prise au cours de cette session. C'est normal et sain pour prévenir que les minoritaires déçus s'obstinent et reviennent constamment à la charge, paralysant la progression du débat.

De plus, on peut facilement arguer que la proposition de retour en classe, de mettre fin à la grève ou de suspendre les moyens de pression est une proposition totalement différente de celle adoptée au cours d'une autre session et constitue en soi une proposition qui a une vie autonome.

Le mécanisme paralysant qu'impose la CLASSE à ses membres les garde en otage après qu'une première décision est prise. C'est inacceptable. C'est antidémocratique. Le méprisable procédé témoigne éloquemment de la culture politique dans laquelle baignent ses membres. La fin justifie les moyens. La démocratie est utilisée pour initier l'atteinte de l'objectif et la moralité des moyens peut être évaluée à l'aune de la désirabilité du but.

On ne peut que constater l'habileté de la CLASSE à faire déraper le combat des étudiants pour le maintien du gel des droits de scolarité dans le fossé social qu'entraîne inévitablement une remise en question de valeurs fondamentales comme le respect de l'autorité des tribunaux, l'adhésion aux normes d'ordre social et le respect du bien et de la sécurité d'autrui. L'anarchie érigée en dogme ouvre la voie à tous les excès et nous en avons vu quelques exemples précurseurs.

Cette insoutenable prétention antidémocratique de Gabriel Nadeau-Dubois à l'effet que les membres de son organisme sont enfermés et enferrés dans l'étau du vote des deux tiers enlève toute crédibilité à l'organisme et démasque l'autoritarisme minoritaire des plus militants. Nous savons maintenant qu'on ne respectera rien dans la conduite de ce combat.

Les autres fédérations étudiantes, la FEUQ et la FECQ, doivent prendre leurs distances face à ces extrémistes qui, bientôt, seront reniés par leurs propres adhérents.