Cher Jean, je me permets de t'appeler Jean, car je t'ai apporté mon appui bien longtemps. Je me souviens de notre première rencontre, au Séminaire Saint-Charles, à Sherbrooke.

Tu étais candidat conservateur à l'élection fédérale et j'étais étudiant au collégial. Ta fougue, ton énergie et ton empathie m'ont tout de suite conquis et je suis embarqué dans cette aventure... À titre de président des jeunes conservateurs de Sherbrooke, j'ai milité à tes côtés, rempli de confiance, de détermination et de fierté. Ça va faire bientôt 25 ans!

Même après avoir quitté la politique plus active, j'ai toujours suivi ta carrière et été très fier de tes réussites. C'est rempli d'espoir que j'ai assisté à ton passage au Québec. Tu as dit que tu choisissais le Québec et j'étais bien soulagé qu'enfin, les forces fédéralistes retrouvent un porte-parole aussi fort que toi. Quand tu es devenu premier ministre, je me suis dit que c'est ce dont le Québec avait besoin.

Je t'ai appuyé lors des campagnes de 2003, 2007 et 2008. Le pouvoir, c'est décider, et on ne peut plaire à tout le monde. Même avec les allégations de corruption, le financement du Parti libéral, les garderies, le gaz de schiste ou la commission d'enquête que tu as tardé à déclencher, j'étais derrière toi. Jean, j'ai eu confiance en toi depuis que j'ai voté pour la première fois, en 1988. Mais maintenant, c'est terminé.

La façon dont tu gères le Québec depuis quelque temps m'attriste. J'ai l'impression que toutes les décisions sont prises, non pas pour les Québécois, mais pour les amis du régime. Le pouvoir t'a changé. Tu n'es plus l'homme que j'ai appuyé durant toutes ces années, et le constat est accablant. Jean, je n'aurais jamais cru possible que le Québec soit en moins bon état qu'avant ton arrivée...

J'ai deux enfants et j'ai le goût de pouvoir les regarder dans les yeux sans gêne. J'ai la conviction qu'il n'est pas encore trop tard, et j'ai décidé de prendre le pari de la Coalition avenir Québec. Le Québec ne peut plus se permettre l'improvisation et la corruption de ton gouvernement et l'obsession référendaire du PQ. Cela fait maintenant 40 ans que vous vous échangez le pouvoir. Et regarde où nous en sommes.

Mon rôle le plus important est celui de père et c'est l'amour que je porte à mes enfants qui m'oblige à prendre cette décision aujourd'hui. J'ai confiance dans les possibilités qui s'offrent au Québec et nous devons agir maintenant. Le Québec a besoin de leadership.

Il y a maintenant une option qui rassemble fédéralistes et souverainistes qui travailleront ensemble à mettre de l'ordre dans nos finances publiques, à relancer le Québec pour qu'enfin, on retrouve la fierté d'être Québécois. J'ai confiance qu'il n'est pas trop tard et j'espère de tout mon coeur que les Québécois ne baisseront pas les bras. Nous avons une dernière chance, et nous devons croire que le changement, le vrai, est possible.

Jean, j'aimerais te dire que j'ai été fier de te côtoyer et de t'appuyer pendant toutes ces années. J'aurais espéré que les choses se passent autrement et que le Québec soit en meilleure position. Un Québec qui aimera assez ses enfants pour oser le vrai changement et se donner un gouvernement qui travaillera à bâtir une société plus juste et plus prospère, un Québec meilleur.