Le phénomène travail-études est une réalité sociale en progression au Québec. Il a indéniablement d'importantes conséquences sur la disponibilité des étudiants pour leurs études. Quelles seront alors les conséquences de la hausse des droits de scolarité, au cours des prochaines années, pour les étudiants qui poursuivent leurs études au niveau universitaire?

Il est reconnu que le travail peut être un moyen de valorisation pour les plus jeunes, mais le nombre d'heures travaillées ne doit pas dépasser 20 heures par semaine. Au-delà de ce quota, c'est le contraire qui se produit, ce même travail nuit à la réussite et peut mener à l'abandon des études.

Pour les plus vieux, le travail rémunéré devient, de plus en plus, l'unique moyen de réaliser son projet d'études universitaires. Cette catégorie d'étudiants doit travailler non par choix, mais par nécessité pour payer les droits de scolarité, les frais de transport, de logement, de repas et les autres besoins de base. Le travail rémunéré devient alors la condition d'accès et de poursuite des études et le phénomène semble en augmentation.

Plus d'étudiants doivent travailler et ils travaillent plus d'heures par semaine durant la période des études que les étudiants des générations antérieures. Le phénomène a été souligné par bon nombre de recherches. En 1998, l'étude de Ricard soulève que la moitié des étudiants au cégep travaillaient durant leurs études. La proportion de ces étudiants se situait autour de 65 à 70% sept ans plus tard. En milieu universitaire, l'étude de Bonin (2007) souligne qu'en 1996, 58% des étudiants du premier cycle avaient un emploi comparativement à 71% dix ans plus tard.

Le phénomène travail-études devrait attirer notre attention lorsque sont discutées les questions des droits de scolarité, puisque travailler n'est pas qu'un caprice de nos étudiants en quête de biens matériels. Ils veulent avant tout une formation qui leur donne accès à une profession, à un travail permanent, à un avenir plus prometteur ou correspondant à leurs aspirations. Mais à quel prix?

Afin de réaliser ces études, ils doivent s'endetter et travailler de plus en plus pour subvenir à leurs besoins de base. Dans quelles dispositions alors peuvent-ils étudier? Quand trouvent-ils le temps pour étudier ou pour réaliser leurs travaux?

Selon un sondage effectué en avril 2011 auprès des étudiants inscrits au programme du baccalauréat en travail social à l'Université du Québec à Rimouski, 79,5% affirment travailler pendant leurs études, ce qui est un résultat comparable à ceux des recherches antérieures qui démontrent cette augmentation depuis les dernières années. Près de 42% de nos étudiants travaillent plus de 20 heures par semaine, dont 34% travaillent plus de 26 heures par semaine. Ce constat devrait nous inquiéter.

Les étudiants du Québec sont actuellement en grève afin de protester contre la hausse des frais de scolarité qui augmenteront de 1625$ par année. Afin de réussir à payer cette hausse, les étudiants devront travailler encore plus. Près de 160 heures par année pour la grande majorité d'entre eux dont la rémunération au travail équivaut au salaire minimum. Pour un grand nombre, ces heures seront travaillées durant l'année scolaire.

Les moyens de pression des étudiants, qui luttent afin de pouvoir poursuivre leurs études dans des conditions économiques déjà très difficiles, sont plus que légitimes. Ces étudiants luttent aussi et surtout, ne l'oublions pas, afin de ne pas imposer le fardeau que représente l'importante hausse des droits de scolarité aux générations futures.

Quelle démonstration de solidarité sociale! Il me semble qu'ils devraient pouvoir compter sur notre appui et notre soutien indéfectible.