Depuis janvier 2010, trois grèves ont affecté le déroulement de mes activités académiques et mon emploi. C'est cependant des deux grèves universitaires dont il sera question au cours des prochaines lignes.

Dès que j'ai effectué mes premiers pas en sol universitaire, en 2010, les chargés de cours de l'Université de Montréal entraient en grève pour montrer leur mécontentement à l'égard des négociations concernant leur convention collective.

Après sept semaines et des poussières d'attente interminable, le conflit était enfin réglé et les activités d'enseignement reprenaient leur cours normal. Mais à quel prix?

La matière des cours fut condensée : nous devions rattraper le temps perdu, alors pourquoi ne pas revoir la pondération des travaux et des examens en augmentant de façon considérable leurs valeurs? Après tout, ce qui importe vraiment, c'est que la session ne soit pas annulée et que les étudiants puissent obtenir leur diplôme dans les délais attendus, non? La matière n'est que secondaire au papier qui nous donne le titre honorifique de bachelier dans le domaine dans lequel nous souhaitons faire carrière.

Je ne suis pas en train de dire que les revendications des chargés de cours n'étaient pas bonnes et que leur grève n'était pas justifiée.

Bien au contraire.

Ce que je dénonce, par contre, c'est le fait que les étudiants aient été pénalisés dans leur apprentissage.

Si pour certains, tout ce qui compte, c'est d'obtenir un papier qui atteste de leur parcours académique, peu importe si la totalité de la matière a été enseignée, je considère que je fais partie des étudiants qui accordent encore de l'importance à la valeur de ce papier que j'obtiendrai à la fin de mon baccalauréat. Je veux que ce papier soit porteur des connaissances que j'ai acquises tout au long de mon parcours plutôt que du nombre de grèves qui auront eu lieu.

Puis, début 2012, la grève frappe encore. Mais cette fois-ci, ce sont les étudiants qui sont les principaux protagonistes de ce combat. Le gouvernement Charest va trop loin avec ses intentions d'augmenter les droits de scolarité, la solution : faire la grève. Plusieurs centaines d'étudiants se retrouvent donc en «congé forcé» pour protester contre cette idée folle d'augmenter les droits de scolarité. Pour la hausse, contre la hausse, ce débat n'est pas l'objet de ce texte.

Tous ces étudiants qui ne sont pas sur les bancs d'école en ce moment et qui militent pour le bien de leur portefeuille me font réaliser qu'encore une fois, l'enseignement que nous aurons reçu ne sera pas complet. Avec toutes ces semaines à se tenir loin des salles de classe, notre parcours académique se retrouve troué, parsemé de pages blanches à gauche et à droite. J'ai l'impression qu'en fin de compte, mon baccalauréat n'aura pas une juste valeur puisque je n'aurai pas reçu toutes les connaissances pour lesquelles je remplis mon devoir d'étudiante jour après jour, session après session.

C'est bien beau de vouloir se battre pour quelque chose qui nous tient à coeur. Oui, l'enseignement, c'est important, mais il n'en demeure pas moins que les étudiants se tirent une balle dans le pied en refusant d'assister à leurs cours. On clame qu'on veut une société plus éduquée et moins endettée, alors que nous ne serons pas plus éduqués puisque nous refusons d'aller à nos cours.

Si tout ce qui importe est d'obtenir un diplôme, peu importe la valeur de celui-ci, alors oui, continuons de faire la grève pour une cause qui nous tient à coeur. Cependant, n'oublions pas que nous devons mettre en application ce pour quoi nous nous battons réellement : une bonne éducation, juste et véritable!