Après « les ti-gars infantilisés », où on dénonçait les pubs de télé démontrant les jeunes hommes immatures et leurs conjointes ennuyantes ou germaines, je vous invite, dans le cadre de la Journée internationale de la femme, à réfléchir à ce qui suit. Le sujet de la femme-objet dans la publicité a, bien sûr, déjà été traité amplement par le passé. Toutefois, je crois que, cette fois, il est temps de réagir, car on a touché le fond.

Ce qui me surprend, c'est l'apparente indifférence et l'absence d'une condamnation robuste et publique de ce qui suit. Lentement, la « chosification sexuelle» de la femme a, en effet, pris de l'ampleur au point qu'il semble ne plus y avoir de limite.

Il suffit de visiter les sites de diverses entreprises ou les pages publicitaires de plusieurs magazines pour comprendre ma réaction. Au-delà de l'association classique femme-auto, on fait maintenant allusion, subtilement bien sûr, à la fellation, à la masturbation, à la pénétration, à la sodomie, sans oublier le gang bang, le viol et, même... le viol collectif.

Une femme nue, les jambes écartées, pose le doigt sur une bouteille de fragrance pour hommes placée entre ses jambes (voir Tom Ford). Vous voulez baiser une telle femme? Achetez ce produit. Et que dire de cette religieuse sur le point d'embrasser un prêtre, torse nu. Tout ça pour vendre de la crème glacée (voir Federici)! Non, il n'y a plus de limites! Pour vous en convaincre, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Ils se retrouvent en magazines ou sur le site de diverses entreprises.

Masturbation : Dior - conception de vêtements et de bijoux. Une femme en slip glisse sa main vers ce que vous devinez.Fellation : Durex XXL - fabricant de condoms. Le visage d'une femme, un diachylon de chaque côté de la bouche, à la suite d'une fellation sur un énorme pénis.  Pénétration : Candie's - fragrance pour hommes et femmes. Un type à l'air niais nous montre, à l'écran, une fusée s'envoler... vers la vulve d'une femme assise à cheval sur cet écran. Viol : Calvin Klein. Le soir, une femme au sol, en sueur, l'air désespéré, la main sur ses cheveux, avec un type, au regard dur, à genoux entre, ses jambes.Viol collectif : Dolce Gabana. Quatre hommes, à demi vêtus, regardent un type maîtrisant une femme au sol qui ne semble pas tirer plaisir de la situation. Campagne anti-tabac dénonçant la dépendance à la cigarette: une jeune fille, à genoux devant un homme, s'apprête à faire une fellation à une... cigarette!

Bien sûr, ce n'est que de la publicité! C'est du faux, comme dirait l'autre. Parlez-en aux spécialistes qui traitent les cas d'anorexie chez les jeunes filles et dont on sait qu'une des causes importantes à l'origine de cette terrible maladie, qui tue 10% d'entre elles, est la publicité.

Non mais, dites-moi si je me trompe, existe-t-il, quelque part, un ou des organismes qui surveillent ces pubs? Y a-t-il un comité de censure en mesure de dénoncer et d'interdire tous ces affronts au corps et à l'intégrité de la femme? Sinon, peut-on vraiment laisser cette responsabilité morale aux éditeurs de magazines en espérant qu'ils pourront objectivement filtrer ces pubs, qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs?

Non, je ne suis pas un puritain dépassé et frustré. Je suis un prof de psychologie, de sexualité par surcroît, au seuil de sa retraite, qui aime et qui désire les femmes et parce qu'il les aime, dans tout ce qu'elles sont, s'indigne face à tous ces con...cepteurs. Une de mes étudiantes, mère de deux enfants, me disait récemment ne pas savoir répondre à son fils de 6 ans qui venait de voir une de ces pubs.

Cet esclavage médiatique de la femme réduite à un vulgaire objet de consommation et dont la seule mission est de susciter le désir de l'homme, et d'y répondre, ne trouve pas d'équivalent chez l'homme.

Je ne suis pas au courant du travail de sensibilisation des organismes féministes, mais je les invite à une levée de boucliers tout en précisant que ce travail de dénonciation relève en fait de tous et chacun. Malgré un sentiment d'impuissance ou, pire, d'indifférence, il faut collectivement condamner ces affronts en communiquant directement, via la toile, avec ces entreprises.

Ce qui me choque aussi c'est qu'on croit que nous, les hommes, succomberons à cette supercherie de mauvais goût. Au nom de votre mère, de vos soeurs, de votre conjointe, de vos filles... au nom de toutes les femmes, je crois qu'il est temps d'agir.