Un enseignant propose de réaménager le calendrier scolaire pour favoriser la réussite. Plutôt que de longues vacances estivales, les congés seraient éparpillés pendant l'année.

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ÉTALONS LES VACANCES

Martin Legault

L'auteur est enseignant au secondaire et président du conseil d'établissement de l'école fréquentée par ses enfants.

Il y a 40 ans, nous n'avions pas de semaine de relâche. Toutefois, en 1980, des commissions scolaires ont pris l'initiative de réaménager le calendrier pour résoudre des problèmes d'absentéisme. Pourquoi aucune d'elles n'a pris l'initiative d'en faire autant pour favoriser la réussite d'un plus grand nombre de jeunes dans les milieux où ils sont les plus à risque de décrocher? Pour ce faire, il suffirait de diminuer la durée de la période d'inactivité du travail scolaire et d'en partager collectivement la responsabilité.

La semaine de relâche est apparue à l'initiative d'une commission scolaire de Québec, qui avait eu l'idée d'amorcer l'année scolaire une semaine plus tôt en échange d'une semaine de congé à la fin de l'hiver. Cette décision avant-gardiste, à l'époque, représentait une solution pour contrer le taux d'absentéisme élevé dans les écoles. L'intensité du travail scolaire pendant les mois d'hiver pour les élèves et leurs enseignants minait leur disponibilité aux apprentissages. Ainsi, une commission scolaire a réaménagé son calendrier pour résoudre un problème organisationnel qui avait des conséquences pédagogiques. De grandes réformes à caractère pédagogique ne sont pas toujours nécessaires, voire la solution, pour actualiser nos écoles selon les besoins de ceux qui les fréquentent!

En 2012, pourrait-on lutter contre le décrochage scolaire simplement en révisant la gestion du temps dans nos écoles?

De nombreuses recherches ont rapporté que l'école pouvait faire une grande différence dans le développement d'un enfant. Cela est encore plus significatif en milieu défavorisé. Dans ces quartiers, l'école offre souvent un milieu stable et sécuritaire pour les jeunes. Certains en profitent même pour s'y nourrir! Alors, que font ces élèves quand l'école ferme pendant une semaine au mois de mars, ou huit semaines en été? Ils retournent chez eux dans des milieux souvent moins organisés ou sont carrément laissés à eux-mêmes.

Quand ils reviennent en classe, leurs enseignants s'investissent bien plus à réinstaurer la discipline. En septembre, la situation est pire. Au mieux, ils révisent les notions perdues pendant l'été plutôt que de poursuivre leur enseignement. Dans les milieux plus aisés, les jeunes ont profité des congés pour voyager, vivre des camps à vocation artistique, scientifique ou linguistique. Ces jeunes sont demeurés plus souvent actifs intellectuellement et ont poursuivi leur développement. L'écart s'est accru, et s'accroîtra toujours entre les jeunes en fonction de leur milieu socioéconomique puisque le calendrier scolaire actuel perpétue les iniquités.

À Vancouver et aux États-Unis, des écoles ont décidé de favoriser l'égalité des chances pour les élèves qui sont issus des milieux socioéconomiques faibles en adaptant leur calendrier de façon à ce que les jours d'enseignement soient répartis plus équitablement. Les élèves n'ont plus, d'un coup, huit semaines de congé l'été et une au mois de mars. Ils en ont quatre en été et les autres sont redistribuées à la fin de chaque étape.

On peut ainsi récupérer immédiatement à la fin de chaque étape les notions que les jeunes n'auraient pas acquises dans les matières de base. Cette initiative me semble bien plus cohérente que nos cours d'été. Comment un élève qui a échoué pendant 10 mois une matière de base peut-il vraiment la comprendre et la maîtriser en un mois?

Par ailleurs, les écoles qui accueillent des élèves provenant de milieux défavorisés ont souvent un taux de roulement élevé au sein de leur personnel. Cela s'explique évidemment par l'intensité des besoins qui alourdissent la tâche. En offrant des périodes de vacances réduites mais plus fréquentes à son personnel, ces écoles pourraient minimiser les risques d'épuisement professionnel au sein de son équipe.

En Colombie-Britannique, les écoles n'ont pas toutes le même calendrier et les profs n'ont pas tous les mêmes congés! C'est le cas pour les ingénieurs, les avocats et les médecins partout dans le monde! Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même chez nous dans nos écoles?

Il est urgent que les conventions collectives des syndicats de l'enseignement et les politiques internes des commissions scolaires laissent plus d'autonomie aux écoles. Ainsi, chacune pourra répondre à sa façon aux besoins de sa clientèle en s'y adaptant.

Pas une bonne idée

Liette Cardinal

Enseignante au primaire

Ma fille a vécu, en partie, ce principe au secondaire privé. Au lieu d'avoir plusieurs journées pédagogiques dans l'année, elle avait une semaine de relâche à l'automne, une à l'hiver et une à Pâques.  Nous n'avons PAS aimé DU TOUT ce principe.  Chaque fois, plutôt que de retourner pleine d'énergie et prête à poursuivre ses efforts, nous avions l'habitude qu'il fallait tout recommencer, comme au début de l'année. D'autre part, ce qui peut être réalisable aux États-Unis, ne l'est pas nécessairement ici, question température.  De plus, je sais  bien que l'école ne doit pas être vue comme une garderie, mais quoi faire chaque fois avec les enfants?  Ils vont traîner à la maison devant des «écrans» de tv ou d'ordi, se garder seuls, etc. L'été, pour les parents qui veulent encadrer leurs enfants, il y a des solutions pour six semaines.