J'aime le hockey. Profondément. Même si j'ai rangé mes jambières de gardien de but et accroché mes patins depuis une bonne quinzaine d'années, je n'en continue pas moins d'être un observateur attentif des activités de la LNH. Mais le hockey est malade et je suis inquiet pour ce sport que j'admire et que j'aime.

Les trop nombreuses commotions subies par les joueurs étoiles professionnels (Sidney Crosby, Daniel Brière, etc.) ont eu le triste mérite de mettre en perspective l'ahurissante vitesse des athlètes et l'augmentation des gabarits des joueurs depuis deux ou trois décennies.

Devant ce problème criant, les acteurs concernés (la LNH et l'Association des joueurs...) sont à plancher sur des solutions, nous dit-on. Modification des règlements en lien avec les mises en échec par derrière, intolérance envers les coups portés à la tête, amélioration de la protection pour les joueurs, augmentation de la taille des patinoires: autant de solutions «techniques» afin de remédier à ce dangereux état de fait.

Et si une partie du problème et de la solution était proprement liée à la culture entourant ce sport? On commence, en regard des carrières écourtées et des traumatismes parfois irréversibles subis par les joueurs professionnels, à remettre en question le caractère violent de certains épisodes qui, à vrai dire, n'ont peut-être plus leur place dans le sport professionnel au 21e siècle! Excellente nouvelle, mais il y a loin de la gourde aux lèvres!

Le hockey professionnel a besoin d'un changement radical de paradigme qui doit comprendre une nouvelle éthique au chapitre du fair-play.

Pourquoi les joueurs professionnels de soccer, de football américain ou de rugby se font-il un point d'honneur à serrer la main des joueurs de l'équipe adverse au terme de leur affrontement, malgré le fait que ces sports impliquent (peut-être moins au soccer) des contacts physiques violents et répétés, souvent données ou reçus avec une protection minimale?

La hargne et la robustesse sont-ils à ce point élevées que nos hockeyeurs s'interdisent de saluer l'effort et le courage de leurs adversaires au son du coup de sifflet final? Et pourquoi les officiels sillonnant les patinoires n'ont-ils pas droit, eux aussi, à une poignée de main de la part des joueurs des deux équipes et, du coup, à une reconnaissance minimale de leur travail ingrat, alors qu'une telle pratique existe dans d'autres sports d'équipe? Pourquoi doit-on attendre la dernière partie d'une série éliminatoire souvent âprement disputée afin d'assister à une trop rare manifestation de fair-play? En quoi une poignée de main tant souhaitée diminue-t-elle l'intensité d'une saine rivalité?

Les joueurs professionnels sont la mire des jeunes et des moins jeunes qui suivent avec passion ce sport. Il leur appartient donc, et ce le plus rapidement possible, de montrer aux amateurs qu'il est possible de faire preuve de fair-play au hockey, ce qui n'exclut en rien le jeu viril et agressif. J'attends patiemment le jour où le capitaine du Canadien, suivi de ses troupes, s'avancera vers le centre de la patinoire afin de rencontrer le capitaine et les joueurs de l'équipe adverse, question de leur témoigner le respect qui leur est dû, même dans la plus grande adversité et nonobstant les événements qui se sont déroulés dans les 60 minutes précédentes d'une obscure partie du calendrier régulier. Ce faisant, peut-être que les joueurs y penseront deux fois avant de porter un coup dangereux à l'adversaire!

Si les spectateurs et les téléspectateurs apprécient toujours une bonne partie de hockey au rythme endiablé qui comprend du jeu rapide, excitant et (oui!) de bonnes mises en échec légales, ils apprécieront encore plus de voir ces athlètes épuisés prendre quelques secondes pour saluer la beauté du jeu et la ténacité de leurs adversaires.

Ce jour-là, le hockey aura poussé un grand coup de patin vers l'avant, et notre société aussi!