Comme de très nombreux électeurs j'ai été ravi, le 2 mai 2011, de prendre acte de la célèbre vague orange. La déconfiture des arrogants libéraux m'a réjoui. Le déclin du Bloc m'a un peu déçu.

Depuis assez longtemps, je suis frappé par le profond désenchantement (je trouve ce mot plus approprié que le mot «cynisme») des électeurs québécois et canadiens. De très nombreuses personnes ont été dégoûtées par le «système» de pourriture et de corruption mis en place par les libéraux fédéraux et provinciaux. De très nombreuses personnes, au Québec, ne veulent pas du régime idéologique et régressif qui a été mis en place par l'obscène et chafouin gouvernement Harper, lequel, progressivement et mine de rien, implante son programme dévastateur qui consiste, au nom d'une conception «libertarian» et éminemment moraliste, à vouloir contrôler de plus en plus la vie des citoyens et à détruire de nombreux droits sociaux et culturels.

Compte tenu du contexte que je viens de décrire, les électeurs ont été enchantés et ravis par les propos et par la manière de Jack, ce flûtiste de l'espoir, ce Merlin, cet enchanteur qui faisait se lever de nombreux serpents devenus inoffensifs grâce à sa musique apaisante et rassurante.  En fait, Jack Layton et le NPD ont ouvert la porte à un «ré-enchantement» possible de l'univers politique qui semblait devenu moins «politicailleur» et plus digne de confiance. On entrevoyait des lendemains qui chantent et on se disait «pourvu que ça dure».

Alors, chers amis néo-démocrates, vous êtes confrontés à un défi «herculéen».  Vous devez tout faire pour voguer sur cette vague de «ré-enchantement» et vous devez surtout ne pas décevoir et désenchanter ceux et celles qui ont voté pour vous, pour vos meilleurs candidats (comme Thomas Mulcair) et pour certains «poteaux» qui devront prouver qu'ils méritent la confiance un peu candide de ceux et celles qui pour eux ont néanmoins voté.  Si vous échouez, vous serez responsables d'un désenchantement presque suicidaire.

J'ai été candidat NPD lors de l'élection provinciale de décembre 1985 et je sais que la grande tare qui discrédite ce parti, c'est son apparente et réelle incapacité de bien comprendre le Québec et la québécitude.  Alors, amis néo-démocrates, Thomas Mulcair, Roméo Saganash et tous les autres, veuillez ne pas décevoir et «désenchanter» les Québécois.  Ce serait tragique et je ne vous le pardonnerais pas.

Je termine en vous suggérant de vous interroger sur la responsabilité abyssale qui est la vôtre face aux citoyens québécois et aux électeurs des autres provinces. Et je vous propose cette citation de l'écrivain congolais Sony Labou Tansi: «Le point d'interrogation est la plus grande invention de l'homme».