Le scandale des commandites a permis au Bloc québécois de se faire élire trois fois. Une première fois, en disant aux Québécois que les libéraux fédéraux étaient impliqués dans un grave scandale. La deuxième fois, en disant que c'était bien vrai qu'ils étaient impliqués dans un grave scandale. Et la troisième fois, en disant qu'il fallait que le Parti libéral fédéral redonne l'argent aux contribuables, floués dans l'opération.

Le Bloc québécois avait même inventé, lors d'une de ses campagnes électorales, un slogan purement subliminal: «Un parti propre au Québec». Si les révélations des derniers jours concernant Gilles Duceppe et l'utilisation à des fins partisanes de l'argent des contribuables sont fondées, le Bloc québécois n'est donc pas aussi propre qu'il disait l'être jadis. On vient d'apprendre qu'il est un parti comme les autres, profiteur des situations, et tout ce qui vient avec.

Siégeant dans le parlement du pays voisin qu'il disait vouloir quitter, M. Duceppe - si cela est toujours vrai - aurait dû se conformer strictement aux lois du pays qui se nomme le Canada. En ne le faisant pas, le chef bloquiste n'a fait que démontrer qu'une fois indépendant, le Québec ne sera pas plus à l'abri de telles manoeuvres et que le nouveau pays ne sera guère mieux que celui dont il a dénoncé tant de fois tous les travers.

Certains diront, pour le déculpabiliser, que d'autres ont fait des gestes pires que celui qu'il a posé. Voilà tout un programme moral pour l'an 1 d'un Québec indépendant. La morale du moins pire n'est jamais une bonne morale. On ne justifie jamais un acte fautif en en trouvant un plus grave que celui qui a été posé par la personne prise en flagrant délit.

L'ex-chef bloquiste aurait été mal placé pour venir succéder à Pauline Marois. Et tous ceux qui espéraient voir en lui quelqu'un qui allait faire de la politique autrement sont sans doute bouche bée devant une telle révélation.

J'ai toujours été contre la présence prolongée du Bloc à Ottawa. Celle-ci n'a pas fait progresser la cause de l'indépendance du Québec, a contribué à diviser les militants, à dissiper l'objectif poursuivi et, maintenant, à mettre le clou dans le défunt parti de Lucien Bouchard. Le geste reproché à Gilles Duceppe ne fera qu'ajouter au cynisme des militants et des électeurs qui croient que tous les politiciens sont pareils: des profiteurs!