Ne vous méprenez pas: ceci n'est pas un plaidoyer afin que le Canada redore son image politique sur la scène internationale.

Il est vrai que l'effigie de la feuille d'érable s'est considérable ternie au cours des dernières années. C'est un fait: les politiques du gouvernement actuel causent des dommages quasi irréversibles à la perception du Canada à l'étranger. Il est vrai que le Canada perd de son prestige à l'international de façon effrénée, comme en témoigne la non-réélection du Canada au Conseil de sécurité de l'ONU en 2011.

Mais ce n'est pas le sujet que je désire aborder. Je souhaite alarmer mes concitoyens canadiens quant à un autre aspect davantage méconnu du déclin du Canada sur la scène mondiale: celui des perspectives de carrières pour les jeunes diplômés.

J'ai obtenu ma maîtrise en relations internationales en 2011 après avoir fait divers échanges étudiants et deux stages prestigieux, au Secrétariat des Nations unies et à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Je désire désormais intégrer le milieu des organisations internationales au sein même des secrétariats de celles-ci car comme vous le savez, ce n'est point le bon moment de tenter de joindre les rangs du ministère des Affaires étrangères du Canada.

Mais voici le problème: le fait d'être de citoyenneté canadienne me nuit considérablement. Ce qui ne fait rien pour renforcer ma fierté canadienne.

En effet, les organisations internationales offrent plusieurs programmes permettant aux jeunes diplômés d'intégrer le milieu compétitif des institutions multilatérales. On peut penser à l'ONU, avec son Programme des jeunes administrateurs (YPP), ou l'OSCE, l'OCDE, l'UNESCO (et de nombreuses branches onusiennes) avec leurs programmes des jeunes professionnels (JPO). Ces programmes permettent aux jeunes professionnels, par le biais de concours ou de nomination nationale, de bénéficier de positions de niveau d'entrée (entry level positions), une occasion rare dans ce domaine. Ces programmes sont financés par les États participants aux programmes qui doivent être membres de l'Organisation et choisissent, sur une base volontaire, de financer ce type de programmes dont peuvent bénéficier leurs ressortissants.

Mais voici le problème: le Canada ne financent plus ces programmes pour les citoyens canadiens depuis (au moins) 2008. Lors du concours annuel du YPP en 2011, le Canada n'apparaissait toujours pas sur la liste des États participants, alors que des pays comme Antigua-et-Barbuda figurent parmi la liste des États éligibles.

En tant que citoyenne canadienne, il m'est actuellement quasi impossible de bénéficier de ces programmes pour jeunes professionnels, qui sont la véritable porte d'entrée quant à une carrière au sein des organisations internationales. Je dois regarder mes amis et anciens collègues stagiaires d'autres nationalités postuler pour ces positions, passer les concours, obtenir les positions, pendant que je me morfonds passivement.

Permettez-moi de vous demander ceci: ne voulez-vous pas que le Canada soit représenté à l'étranger? Ne voulez-vous pas que les jeunes diplômés canadiens, dont vous avez majoritairement payé les frais de scolarité, obtiennent des emplois au sein des organisations internationales et défendent les valeurs canadiennes, autrefois reconnues dans le monde entier? Ne voulez-vous pas que des jeunes diplômés motivés, remplis d'espoirs et d'idées nouvelles, tentent de redorer l'image du Canada à l'étranger? Ne voulez-vous pas que la jeunesse canadienne rayonne sur la scène internationale?

Croyez-vous, comme moi, que cette situation est inacceptable pour un pays membre du G-8, pour un pays soi-disant riche, pour un pays qui a contribué à la création des Casques bleus? Ne croyez-vous pas que cette situation est inadmissible pour un pays qui siégeait pendant des années en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, qui est membre de la plupart des organisations internationales les plus prestigieuses, qui a accueilli les Jeux Olympiques, qui a participé à l'effort de guerre? Je suis très irritée par le manque de volonté et de vision du gouvernement canadien quant au soutien de la jeunesse canadienne sur la scène internationale.

Que dois-je faire? Changer de nationalité?