À lire les récents propos de Pauline Marois concernant le cynisme ambiant et l'adhésion de François Rebello à la Coalition avenir Québec, on comprend qu'elle érige, comme l'on fait plusieurs chefs du Parti québécois avant elle, la promotion de la souveraineté au rang d'un dogme, et traite ceux qui se disent souverainistes, tout en renonçant à en faire la promotion, de «menteurs» dénués de tout principe et ayant renié «toutes leurs convictions».

Si le Québec reniait en bloc tous ses citoyens qui se disent aujourd'hui «catholiques non pratiquants», cela ferait beaucoup de traîtres et de menteurs au Québec. Ces Québécois sont-ils tous devenus pour autant des citoyens «sans convictions»?

Le passage de François Rebello à la CAQ constitue un excellent «test de concept» pour le parti. Le principe même d'une coalition est plutôt méconnu des Québécois, mais on comprend qu'il s'agit de faire travailler ensemble des politiciens ou des citoyens qui mettent en veilleuse certaines de leurs convictions pour se rallier derrière d'autres valeurs et principes qu'ils partagent.

En moins de trois mois d'existence, la CAQ aura peut-être plus de représentants à l'Assemblée nationale que le PQ n'en avait après sept années. C'est dire que le principe d'une coalition mettant de côté l'antagonisme souverainiste-fédéraliste rallie non seulement un pourcentage important des Québécois selon les sondages, mais également des politiciens aguerris qui en acceptent les compromis nécessaires.

Contrairement à ce que clame ex cathedra Mme Marois, il semble que de nombreux souverainistes n'aient pas qu'une seule conviction dans la vie, et c'est fort heureux. Cela vaut autant pour les fédéralistes.

Ce n'est pas anodin que des fédéralistes ex-adéquistes et des souverainistes ex-péquistes trouvent que les valeurs et les priorités de la CAQ méritent d'être défendues. La promotion d'une éducation de qualité supérieure, la mise en place de mesures économiques favorisant une économie de «propriétaires» et l'instauration d'une politique de la santé fortement orientée vers la prise en charge des familles par les médecins sont-elles des valeurs moins «honorables» pour permettre au Québec de se développer que de faire la promotion de la souveraineté ou de prôner les vertus du fédéralisme?

François Legault a mentionné publiquement à plusieurs reprises qu'il souhaitait recruter un bon nombre de jeunes candidats, mais qu'il voulait aussi présenter un contingent de candidats expérimentés, issus des rangs des autres partis. Pour la plupart, il s'agira de candidats défaits lors des élections précédentes provenant des rangs libéraux, péquistes ou adéquistes. C'est la nature même d'une coalition, puisqu'en ne présentant que des nouveaux candidats inexpérimentés sans recruter dans les rangs fédéralistes ou souverainistes, le terme «coalition» deviendrait inapproprié.