L'année 2011 s'est close avec un mot: cynisme. Non pas qu'il soit nouveau, mais le goût amer qu'il a laissé s'est peut-être accru. C'est la saveur que laisse un gouvernement fédéral, majoritaire maintenant,  qui semble bafouer la démocratie, avec en exemple sa manière déconcertante de contrôler l'information, de restreindre les médias et de paraître faire de même avec les fonctionnaires, pour contrôler un message qui perd de sa liberté et de son objectivité.

C'est aussi ce qu'inspire un gouvernement provincial, duquel il a fallu trois ans de demandes répétées, avant d'enfin obtenir une commission d'enquête sur la construction, dans un État croulant sous les allégations de collusion et de corruption tant au niveau provincial que municipal.

Dans cette optique, on ne pourrait en vouloir à ceux qui se désespèrent de la politique. Le Québec ne fait pas, ceci dit, exception des autres pays occidentaux, pourvus, comme les autres, d'un traitement de la nouvelle de plus en plus interprétatif et spectaculaire et d'une instantanéité de l'information, engendrant une nouvelle façon de faire la politique de la part de politiciens qui, pourtant, ne perdent pas certains vices du passé, et résultant que le cynisme est partout.

Je ne fais que bientôt terminer une scolarité de quelques années en science politique, et mon implication en tant que militante dans des partis politiques n'est encore que relativement récente, mais, j'y ai goûté moi aussi, au cynisme. Je crois pourtant qu'il ne faut pas lui céder et voilà pourquoi.

J'ai cru, à mon entrée en politique, à cet idéal de la démocratie, duquel j'avais l'impression que nous suivions presque en tout point. Quelque chose de juste, de vrai, qui motiverait les rapports de cet univers. J'ai cru que la politique avait ici comme moteur, le désir sincère d'aider son prochain, de se battre pour quelque chose de grand, non pas seulement pour soi, mais pour les autres. J'ai cru à l'altruisme, simplement, magistralement. J'ai eu des débuts naïfs. Car lorsqu'on s'immerge dans la face cachée de la politique, celle derrière le filtre des médias, au creux même de la machine, on est au fait d'histoires abracadabrantes. L'échafaudage de stratégies fascinantes, de potins croustillants,  mais aussi des jeux politiques sidérants. Des histoires de trahison, de manipulation, des histoires qui ne peuvent faire autres que de dégoûter quiconque ne fait pas le jeu de la mesquinerie. C'est l'exposé d'une partie d'échec où nous ne sommes qu'un pion pour la main d'un plus fort qui se jouent de nous.

Mais on constate, d'abord et surtout, que la politique est quelque chose d'éminemment humain. Faites de gens comme vous et moi qui doutent, qui espèrent, qui ont des rêves et des espoirs, et qui possèdent à leurs alentours, toute une équipe d'employés et de militants qui se meut à ces mêmes soubresauts.

Si j'ai découvert des individus déplorables en ce qui construit l'univers politique, j'ai aussi rencontré des gens de ceux de mon idéal : les gens sincères, les gens qui luttent avec la douce virulence d'une flamme dans les yeux, les gens honnêtes et attentionnés qui ne vous laisseront pas tomber. J'y crois encore, malgré tout mes constats : la politique, c'est une lutte pour défendre ce qu'il y a de plus intrinsèque et passionnel en soi même : nos valeurs. Et c'est la raison pour laquelle j'estime que, dans tous les partis politiques qu'il y a ici, il y a des gens pourvus de ce désir franc et inspiré de faire avancer leurs idéaux et dessiner un monde qu'ils estiment être le meilleur. Au contraire des dires de certains, cela existe encore, des gens biens, et bien que j'ignore s'ils sont majoritaires, je peux vous garantir qu'il y en a.

La vie politique n'est pas un conte de fées. Les bons ne gagnent pas toujours, peut-être gagnent-ils même le moins souvent. Mais céder au cynisme, se dire qu'ils sont tous les mêmes, et qu'il ne vaut rien de faire quoi que se soit, est une méprise. Refuser de se battre, de s'intéresser à la politique, de dire son opinion, à son voisin, sur média social ou dans les pages d'un journal, refuser de voter, ne pas se mobiliser, c'est capituler. En ne faisant rien, on concède la victoire aux gens qui nous rendent cyniques. Se battre, ne garantit en rien la victoire, mais la possibilité, la chance, que peut-être, après éventuellement de grands reculs et des avancées bien timides, on puisse, à bout d'efforts, y arriver.

Un député que je connais bien dit toujours qu'il faut s'occuper de la politique sinon, c'est la politique qui, de toute façon, va s'occuper de nous. Ne cédons pas au pessimisme, c'est la voie facile, mais celle qui, certainement n'apportera aucun résultat. Au début de mon arrivée en politique, j'étais naïve. Maintenant, et avec tout ce que j'ai appris, tout ce que j'ai vu, même si bien souvent il m'a tenté, j'ai décidé de troquer le cynisme contre le réalisme. Le réalisme de croire que malgré tout, tout est encore possible, qu'il faut continuer de se battre pour espérer avancer, et que le seul remède au cynisme ambiant, malgré tous ceux qui nous désolent, c'est l'espoir et l'ambition de poursuivre ses rêves.