Seuls des animaleries ou éleveurs «certifiés» devraient être autorisés à vendre des animaux de compagnie.    

Plusieurs municipalités ou arrondissements ont récemment banni la vente d'animaux dans les animaleries, et d'autres songent également à le faire. Leur but est fort louable et vise à décourager les usines à chiots. Malheureusement, non seulement cette solution sera inefficace, elle risque d'aggraver la situation. C'est comme mettre un diachylon sur une hémorragie.

La solution au problème des usines à chiots n'est pas de se donner bonne conscience en posant des gestes spectaculaires mais irréfléchis basés sur l'émotion, mais de prendre le temps d'évaluer le problème dans son ensemble pour en arriver à des solutions qui vont vraiment le régler.

Bannir la vente de chiens et chats en animalerie ne changera pas le fait que les gens au Québec ne gardent leur animal qu'environ 19 mois en moyenne, peu importe la provenance. C'est une statistique effarante qui est une composante majeure du problème de la surpopulation et de la maltraitance des animaux de compagnie.

Cette mesure à l'encontre des animaleries est également contre-productive, car elle ne tient pas vraiment compte de la nature humaine. Diminuer l'offre ou l'accessibilité aux animaux ne fait absolument rien pour enrayer la demande. Elle ne fera qu'encourager le développement d'un marché noir, sur le web ou ailleurs, un problème pire que celui que l'on cherche à régler.

Tous les gens qui laissent leurs animaux se reproduire (par ignorance, inadvertance, ou pour faire de l'argent) contribuent tout autant au problème de surpopulation que les usines à chiots et les animaleries. Il existe une multitude de plus petits élevages qui sont extrêmement mal gérés, et dans lesquels les conditions sont tout aussi inacceptables. Tous les élevages sans exception devraient être réglementés et inspectés de façon régulière, mais aucune mesure à cet effet n'existe présentement au Québec.

La situation des refuges n'est guère plus reluisante. Ici aussi, aucune réglementation n'existe et c'est le fouillis total. Des personnes bien intentionnées commencent à ramasser de pauvres animaux dans la rue, mais n'ayant ni les connaissances ni les fonds nécessaires, elles deviennent rapidement débordées et les conditions sanitaires deviennent rapidement inacceptables.

Beaucoup de refuges en viennent à se retrouver dans la même situation qu'ils reprochent aux animaleries : celle de vendre des animaux de provenance et d'état sanitaire inconnus sur un simple coup de coeur dans le but d'amasser de l'argent rapidement.

Paradoxalement, ce sont ces mêmes personnes, devenues activistes, qui en viennent ensuite à proposer des solutions comme celle d'interdire la vente des animaux en animalerie. La vraie solution est exactement le contraire de celle prônée par ces activistes : il ne faut permettre la vente d'animaux de compagnie que par des animaleries ou des éleveurs «certifiés» qui devraient être inspectés et qui devraient avoir à démontrer de façon régulière la provenance des animaux mis en vente, et les animaux vendus devraient tous avoir été stérilisés au préalable, sauf exceptions. Les animaleries seraient d'ailleurs très bien placées pour vendre les animaux des refuges.

Les refuges, quant à eux, devraient être tout aussi réglementés, ils devraient être enregistrés et avoir des locaux appropriés. Ils devraient être financés par le gouvernement et supervisés par des vétérinaires qualifiés.

La solution passe donc par une loi provinciale sévère réglementant les conditions de garde et de vente des animaux en captivité, telle que celle proposée par Anima-Québec, et non par des règlements simplistes mais spectaculaires votés à la pièce par chaque municipalité ou arrondissement sous l'influence d'activistes, de groupes de pression ou de pseudo-experts, comme c'est le cas en ce moment.