Nous sommes propriétaires d'une garderie non subventionnée. Nous jouons un rôle clé dans la société. Pourtant, notre secteur est en péril, et nous pensons que votre ministère a une part de responsabilité dans cette crise.

Depuis quelques années, les annonces du ministère de la Famille se sont multipliées sans que les promesses ne soient tenues, des 20 000 places il y a quelques années aux 15 000 récemment annoncées. Ces incertitudes se sont ajoutées aux lenteurs de votre administration, incapable de faire face à la demande grandissante de permis d'ouverture de garderies, acculant à la faillite des garderies dont la survie était pourtant essentielle à l'équilibre du milieu qu'elles desservaient.

Mais ce qui nous consterne aujourd'hui, c'est que les garderies non subventionnées sont exclues de la création de ces 15 000 places, ce qui donne à penser que toutes les promesses de consultation étaient en fait de la poudre aux yeux. Les parents des enfants qui fréquentent notre garderie ne comprennent pas pourquoi leurs enfants ne peuvent bénéficier de la subvention.

Vous savez pourtant, madame la ministre,

qu'il y a beaucoup de garderies et de CPE en ce moment;

que certaines municipalités refusent même de délivrer de nouveaux permis ou de changer de zonage;

que dans certains quartiers, ce sont les citoyens qui refusent de nouvelles garderies;

que l'effectif du ministère a été incapable de faire face à la demande grandissante de permis, allongeant ainsi les délais d'une manière interminable...

Les décisions prises par le ministère démontrent clairement que les garderies non subventionnées sont condamnées à la fermeture alors qu'elles sont bien implantées et fournissent aux familles des services de qualité. Pourquoi ne pas construire sur ces acquis et subventionner ces organisations plutôt que de faire table rase de ces initiatives privées qui sont aussi l'engagement de toute une vie? L'inégalité favorisée par le système des CPE décourage même les banques de supporter de petits entrepreneurs.

Nous affirmons que le Québec a suffisamment de garderies, que le mode de financement des CPE par le gouvernement  est inadéquat et qu'il s'appuie sur une forme inacceptable de favoritisme, encourageant la faillite de certaines garderies au profit de CPE.

En effet imaginons la situation suivante:

Un CPE, bien au courant des endroits «subventionnables», obtient, de par son statut de privilégié du ministère, la subvention pour un nouveau CPE à proximité d'une garderie non subventionnée.

Deux cas peuvent se présenter:

Le CPE, acquiert un local et ouvre les portes. En conséquence, la garderie se retrouve vidée, et de ses éducatrices qui se font rares d'ailleurs et de ses enfants. Le charme des 7$ aura agi sur les parents et sur les employés. La garderie est donc vouée à la faillite.

Le CPE, propose une offre, souvent des miettes, à la garderie non subventionnée, qui disparaît au profit du CPE. Mais pourquoi est-ce que l'on détruit pour reconstruire sous le fanion «CPE»?

Votre ministère ne peut aussi ignorer les inégalités suivantes :

Les commissions scolaires ont toujours le droit de garder des enfants de 4 ans avec moins de contraintes, (une seule éducatrice pour 20 enfants et plus, pas d'obligation de nourrir les enfants).

Manque de personnel qualifié sur le marché: le gouvernement ne forme pas assez d'éducatrices qualifiées par année et s'il ne le fait pas, il sait qu'il n'y en a pas assez pour les garderies actuelles et encore moins pour celles qu'il projette de subventionner.

Revenu Québec limite à 35$ à l'assiette sur laquelle sont appliqués ses coefficients alors que le gouvernement accorde des subventions de 50$ et plus par place pour les CPE.

Emploi Québec, oblige ses clients à fournir une preuve qu'ils n'ont pas trouvé de place dans les garderies à 7$ subventionnées ou dans les CPE avant d'accorder leur allocation journalière.

L'allocation journalière d'emploi Québec pour frais de gardes est de 25$ quand on sait que le minimum à débourser est de 31$ dans le cas d'une garde en milieu familial.

Tout cela donne à penser que le gouvernement actuel se sert des garderies non subventionnées pour boucher les trous béants de sa politique discriminatoire qui ne favorise que les CPE et les garderies subventionnées. Ces garderies non subventionnées ne servent que de listes d'attentes pour ces derniers.

Voici  donc nos revendications :

Cesser de privilégier les CPE.

Mettre les rapports d'études à la disposition de tous les intervenants dans ce domaine.

Permettre aux garderies non subventionnées de participer à l'appel d'offre pour les 15 000 places. Nous sommes prêts à attendre 2015 ou 2016 avant de recevoir la subvention si nous sommes sélectionnés et ce afin de respecter le calendrier budgétaire du gouvernement.

Nous faire bénéficier des mêmes informations que les CPE.

Augmenter le quota des garderies privées par rapport aux CPE.

Défendre aux commissions scolaires de garder les enfants de 4 ans.