Les universités anglophones acceptent mal la domination des universités francophones au football québécois.

Après l'élimination des Stingers de l'université Concordia aux mains du Rouge et Or de l'Université Laval, l'entraîneur-chef Gerry McGrath a déclaré qu'au niveau du programme de football, les universités francophones du Québec possédaient des ressources financières démesurées comparativement aux universités anglophones.

M. McGrath a fait preuve de mauvaise foi en déplorant aussi l'avantage «géographique» des universités francophones au niveau du recrutement des joueurs pour tenter d'expliquer les déboires des universités anglophones au football universitaire québécois ces dernières années.

Les universités anglophones ont joui d'une hégémonie quasi totale au football universitaire au Québec jusqu'en 1996, tant au niveau des équipes en présence, des championnats remportés que du recrutement des joueurs. Jusqu'à l'arrivée du Rouge et Or de l'Université Laval en 1996, si un étudiant francophone voulait jouer au football pendant ses études universitaires, il devait se tourner vers une institution anglophone.

Les universités anglophones pouvaient alors s'approprier les meilleurs athlètes étudiants francophones jouant au football au Québec, composer un alignement avec seulement deux ou trois francophones et 50 anglophones... et gagner!

L'Université McGill (particulièrement) et l'Université Concordia ont largement profité de cette situation  pour devenir des universités de référence au football universitaire, remportant honneurs et championnats pendant les décennies précédant les années 2000.

Cette toile de fond linguistico-sportive à la québécoise était discriminatoire : le francophone est majoritaire mais en mal de reconnaissance quant à ses talents athlétiques, alors que l'anglophone, minoritaire, décide du sort sportif du francophone.

Avec ces éléments en tête et tout ce qu'ils suggèrent sur notre passé sportif, culturel, économique, et aussi sur le plan linguistique, comment ne pas interpréter l'intervention de M. McGrath autrement que comme un malaise de nature linguistique ou ethnique - voire une négation - face au succès des francophones au football universitaire, après tant d'années de championnats et de triomphes in english only?

Comment ne pas y voir la frustration de celui qui n'a plus le sort des étudiants athlètes francophones entre les mains et qui ne peut plus les exclure sous peine d'être vaincu par ces exclus de jadis?

M. McGrath préfère l'aveuglement volontaire et sème le doute sur le fair-play des universités francophones en route vers leurs succès actuels en football. Du déjà vu, non?

Quelle injustice flagrante à l'égard des dirigeants de ces programmes universitaires francophones, du brio de ces joueurs-étudiants francophones et de la compétence des entraîneurs! Quel dénigrement des exploits et championnats mérités par ce fameux Rouge et Or de l'Université Laval qui met en scène, année après année, des étudiants francophones footballeurs issus de Saint-Michel-de-Bellechasse, Québec, Brossard, ou La Tuque, tout en devenant le point de mire de l'excellence en football universitaire au Canada!

Il y a 20 ans, ces étudiants francophones n'auraient pas été recrutés par l'Université McGill ou l'Université Concordia. Ces deux solitudes ne se seraient même pas courtisées, because la langue.

Aujourd'hui, ces jeunes peuvent jouer au football en français... et ils gagnent! Hier, ils n'auraient même pas été invités à jouer, point à la ligne!