Dans sa lettre, M. Guy Marcotte suggère d'éliminer les billets de banque au Canada dans le but d'enrayer l'économie souterraine et de renflouer les coffres de l'État. Le gouvernement ne garderait en circulation que les pièces de monnaie pour les très petites transactions. Selon lui, les consommateurs devraient alors utiliser pour l'ensemble de leurs transactions les autres modes de paiement (chèques, cartes de débit, cartes de crédit, transferts bancaires) qui laissent des traces, permettant ainsi aux policiers de mieux retracer les cas de fraude.

Il est vrai que les billets de banque sont le mode de paiement le plus souvent utilisé pour les transactions illicites et pour rémunérer le travail au noir. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Banque du Canada avait cessé de mettre en circulation les billets de 1000$ en mai 2000.

Il n'est pas du tout certain que la mesure draconienne proposée par M. Marcotte puisse enrayer significativement l'économie souterraine et renflouer les coffres de l'État parce que les fraudeurs vont utiliser graduellement de plus en plus de dollars américains.

Le passage de la monnaie nationale à une autre monnaie se fait dans de nombreux pays, surtout quand la monnaie nationale perd de sa valeur à cause d'un taux élevé d'inflation ou de la perte de confiance en son authenticité, due à un haut taux de contrefaçon. Pour contrecarrer cette façon de faire, il faudrait alors empêcher l'entrée de dollars américains au Canada. Ce ne serait pas facile à faire et cela causerait de nombreux inconvénients.

Le retrait des billets de banque canadiens aurait en plus pour effet de faire perdre au gouvernement fédéral des revenus annuels de l'ordre 1,3 à 2 milliards de dollars (le revenu net de seigneuriage); c'est le gouvernement américain qui empocherait alors des revenus supplémentaires.

Finalement, le retrait des billets de banque aurait surtout pour effet additionnel de priver les Canadiens d'un mode de paiement qui est encore fortement utilisé, surtout pour les transactions de faibles valeurs et qui est relativement peu coûteux pour les consommateurs et les détaillants.

Dans un autre ordre d'idées, je souhaiterais, tel que proposé dans un rapport du Sénat du Canada et dans deux études du Mouvement Desjardins, que le gouvernement fédéral élimine la pièce d'un cent qui est de moins en moins utilisée (contrairement au cas des billets de banque) par les consommateurs pour le paiement en liquide de leurs achats. Il en résulterait une épargne annuelle de 150 millions de dollars pour l'ensemble de la société, incluant le gouvernement qui perd de l'argent avec cette pièce dont le coût de production et de distribution est proche d'un cent et demi.