La Chine et le Brésil viendront-ils au secours de l'euro? Voilà la question qui importait pour déterminer si le G20, regroupement des pays riches et émergents, saura supplanter le G8 dans la gouvernance des grands équilibres macro-économiques internationaux.

Le sommet de Cannes qui a pris fin hier n'aura donné lieu à aucun engagement concret. La crise de l'euro devra être résolue par l'Europe avec le soutien du FMI, sous l'oeil inquiet des États-Unis. Confronté à l'urgence d'une crise mondiale, le G20 a montré qu'il n'était pas à la hauteur de ses ambitions.

Au sommet de Londres en 2009, le président Sarkozy annonçait qu'il était urgent que des mesures concrètes soient mises en oeuvre dans les plus brefs délais pour «réformer le capitalisme financier». Deux ans plus tard à Cannes, sous la présidence française, on attendait un vigoureux plan de mesures destinées à réguler les marchés financiers et prévenir les abus spéculatifs. Puis la crise grecque, qui couvait depuis deux ans, a éclaté.

L'agenda généreux du G20 a été confisqué par la menace de faillite de la Grèce et les dangers de contagion aux autres pays de la zone euro, soudain jugés à risque. Le plan de stabilisation, élaboré in extremis à l'occasion de la rencontre du Conseil européen du 27 octobre, devait à la fois rassurer les Américains, rétablir la confiance sur les marchés, obtenir l'appui des pays émergents disposant d'excédents. Insuffisant et imprécis, le plan a été sommairement écarté.

L'incertitude s'est emballée quand le premier ministre Papandréou a fait monter les enchères, en annonçant la tenue d'un référendum sur la tutelle économique que l'Europe impose à son pays. L'idée a été écartée, mais la crise politique n'est pas pour autant résolue.

Officiellement, le plan de stabilisation de l'euro n'est pas mort. Les conditions de recapitalisation des banques européennes doivent être précisées ainsi que les montants et les modalités de fonctionnement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui doit servir de pare-feu pour prévenir la débâcle financière. En clair, on ne s'entend ni sur les montants requis ni sur la contribution au plan de stabilisation des différents gouvernements. «It is still being worked out», affirmait sans enthousiasme le président Obama lors de sa conférence de presse de clôture.

Les pays du BRIC ont-ils la volonté de participer à la relance de la croissance? Cet engagement représente la raison d'être du G20. Le communiqué final formule avec insistance le souhait que les autorités chinoises, compte tenu des excédents, permettent l'évaluation du yuan. Après deux jours de tractations, la Chine a laissé entrevoir la possibilité d'une contribution de l'ordre de 100 milliards de dollars au Fonds européen de stabilisation financière pourvu que les conditions d'opération soient efficaces et que la mise de fonds soit adossée à des emprunts nationaux de pays solvables. Les dirigeants ont indiqué qu'ils préféreraient participer à un «fonds spécial» à être créé, géré par le FMI. C'est également la position des autres pays du BRIC.

Plusieurs rapports ont été déposés. L'un sur la gouvernance économique, l'autre présenté par Bill Gates sur le financement de l'aide internationale. Le commerce international, la prochaine conférence de Durban sur l'environnement, la transparence des marchés de l'énergie et la stabilisation des prix des produits agricoles, sont autant de sujets qui apparaissent dans le communiqué final.

Mais les chefs d'État et de gouvernements du G20 n'écoutaient pas les présentations, sous la table, ils s'échangeaient des SMS avec pour seul titre: urgence euro!