La profession infirmière au Québec souffre d'un décalage de formation de 3000 heures pour l'entrée dans la profession avec le reste du Canada.

Une étude du Centre d'innovation en formation infirmière classe le Québec au 16e rang sur 20 pays au sein de la francophonie. Quarante ans après l'instauration du programme de soins infirmiers au cégep, il n'y a eu aucun ajout d'heures à la formation initiale alors que toutes les études confirment la complexité accrue des soins.

La partie BAC du DEC BAC est laissée à l'initiative individuelle et ne fait même pas l'objet d'une cible de planification ministérielle. La profession pourrait-elle réclamer et obtenir le droit pour sa relève de développer toutes les compétences que requièrent les défis des soins de santé? N'est-ce pas là un motif de réunir toutes les forces vives de la profession sur ce défi? C'est ce que pensent les délégués à l'assemblée générale annuelle de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) qui appuient fortement la démarche de réflexion et de concertation sur la formation de la relève que nous lançons à l'occasion du congrès 2011.

Le fondement de toute profession repose sur un ensemble de connaissances et de compétences particulières qui doivent correspondre aux besoins du marché du travail et assurer la protection du public.

L'OIIQ doit-il se préoccuper des normes en vigueur hors de son territoire? Plusieurs disent non, sous prétexte qu'au Québec, c'est différent ! Mais en quoi serions-nous si différents de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick? Toutes les provinces ont établi la formation des infirmières au niveau du baccalauréat. Nous faisons face aux mêmes problèmes de santé, au vieillissement de la population, à l'augmentation des maladies chroniques et aux changements technologiques.

En 2002, la loi 90 a conféré aux infirmières du Québec un champ d'exercice et une réserve d'activités particulièrement généreux que d'autres provinces et pays nous envient. Il faut l'occuper pleinement.

Le Québec compte 34% d'infirmières possédant au moins un baccalauréat, le Nouveau-Brunswick en compte 50%, le Canada, 40% et les États-Unis, 50%. L'Institute of Medicine recommande la cible de 80% pour l'an 2020. Les soins de santé et l'organisation des services médicaux se ressemblent en Amérique du Nord. Les malades au Québec ne mériteraient-ils pas le même niveau de soins qu'ailleurs au Canada? Que signifie alors cet écart pour le Québec? Un ralentissement dans la capacité de la profession à relever les défis du système de santé et à exercer des activités cliniques à forte composante interdisciplinaire. En toute logique, il importe de donner à toutes les infirmières les moyens d'assumer l'ensemble des responsabilités que leur confère la loi.

Le continuum de formation DEC-BAC fait consensus au sein de la profession depuis le début des années 2000. Prolonger la formation DEC vers le BAC pour assurer le nombre d'heures que requièrent les apprentissages et le niveau de formation comparables, n'est-ce pas une piste de solution?

Le temps est venu de remettre la formation infirmière à l'ordre du jour et de permettre aux infirmières et infirmiers du Québec, sans exception, d'être reconnus à leur juste valeur.