Mon syndicat, la CSQ, qui est supposé me représenter, veut déclarer la guerre au gouvernement Charest à propos de la réorganisation des commissions scolaires.

Je voudrais poser une question au président, Réjean Parent: est-ce que vous avez consulté vos membres avant de faire une telle déclaration? Leur avez-vous demandé ce qu'ils pensent de la mainmise des commissions scolaires sur nos écoles?

Vous ratez une occasion en or d'améliorer les services aux élèves et de ce fait les conditions de travail des enseignants. Au lieu de vous lamenter, M. Parent, proposez des solutions, et cessez de présumer que vous me représentez quand vous ne m'avez pas consultée.

Aussitôt que vous entendez le mot «coupure», vous montez aux barricades.

Ce n'est pas avec cette attitude guerrière que vous allez redorer le blason de la plus belle profession du monde.

Même si il n'y aura pas, semble-t-il, des coupures administratives de 300 millions, sans aucun doute le rôle des commissions scolaires est à revoir. Il pourrait être purement logistique, sans pouvoir décisionnel. Cela pourrait être, par exemple, l'entretien des bâtiments, le transport scolaire et l'approvisionnement de matériels non pédagogiques.

En ce qui a trait à l'embauche du personnel, tous les secteurs des commissions scolaires pourraient rester les mêmes. Tout en conservant les listes de priorité actuelles, chaque école pourrait les utiliser tel que ça se fait maintenant, et embaucher du personnel si le besoin survient. Quant à la pédagogie et à l'octroi des budgets, chaque école pourrait avoir un lien direct avec le ministère, en autant que celui-ci se réorganise en conséquence, sans embauches supplémentaires.

Une des propositions de Mme Beauchamp est de donner plus de pouvoir aux directions d'école, qui, disons-le, en ont bien besoin. Sur Cyberpresse, cette semaine, on nous informait de la pénurie de directeurs. Ceci est très compréhensible considérant leur impuissance face à leur «siège social», et à leur salaire dérisoire.  En ce moment, elles sont continuellement entre l'arbre et l'écorce et doivent affronter les dirigeants de leur commission scolaire, les enseignants et du même souffle essayer de combler les besoins d'une communauté.

Trop souvent, les décisions soi-disant administratives prises au sommet priment sur les besoins des enfants. Les directions doivent répondre à leur clientèle en premier; mais dans le système actuel, ce n'est malheureusement pas toujours le cas.

Voici un exemple vécu qui démontre bien cette situation. Un élève souffrant d'une psycho-pathologie fait la pluie et le beau temps dans une classe pendant que son dossier traîne (ou chemine, dira-t-on) sur le bureau du directeur général adjoint d'une commission scolaire, en attendant une décision. Entre-temps, la commission scolaire envoie un supposé expert pour observer et évaluer l'enfant en question, au lieu d'agir quand une demi-douzaine de professionnels (psychologue, travailleur social, enseignants, direction...) de l'école ont déjà identifié le trouble. On constate ici, malheureusement, que la crédibilité des intervenants sur le terrain est remise en question.

Si la direction d'école avait pu agir sur-le-champ dans cette situation, on aurait évité un poignet fracturé quand l'enfant a lancé sa chaise vers l'enseignant, qui a du suivre ensuite des traitements en physiothérapie.

De plus, le ministère de l'Éducation doit diminuer ses exigences administratives qui engloutissent des budgets faramineux et qui, de ce fait, handicapent sérieusement les services rendus aux élèves. D'ailleurs, ce sont en partie ces exigences qui requièrent autant de personnel administratif au niveau des commissions scolaires.

Tout le système est à revoir. Le statu quo n'est plus une option. Ce dont nous avons besoin, en ce moment, sont des solutions.

En avez-vous, M. Parent? Car en premier lieu, pour espérer changer les choses, il nous faut des alliés et non des ennemis.

Ce n'est pas en brandissant les armes que vous encouragerez les changements qui s'imposent.