Ce vendredi aura lieu la 22e édition de la Nuit des sans-abri, qui se tiendra cette année dans 25 villes à travers le Québec (de Sherbrooke à Rouyn en passant par Rimouski, Montréal, Mont-Joli et Victoriaville) avec autant de vigiles de solidarité.

Ça, c'était la bonne nouvelle. La mauvaise, c'est que de plus en plus de villes tiennent des vigiles parce que le phénomène de l'itinérance soit s'y aggrave, soit y apparaît. C'est aussi révélateur de la dispersion d'un phénomène qu'on trouve partout à travers la province.

Selon une étude du Conseil national du bien-être social, il en coûte 25 milliards de dollars annuellement aux contribuables canadiens pour assumer les coûts sociaux de la pauvreté. Pourtant, investir ne serait-ce qu'une fraction de ce montant dans des mesures structurelles, comme le logement social ou la hausse des prestations d'aide sociale, suffirait à combattre la pauvreté. Lors des premières estimations, un super avion de guerre F-35 équivalait à 6400 logements sociaux. Avec les habituels dépassements de coûts, imaginez le monde à qui on pourrait fournir un toit.

Il y a lieu de se demander si, entre les objectifs de croissance de la richesse et de réduction de la pauvreté, il n'y aurait pas une marge de manoeuvre pour une plus juste répartition parce que manifestement, il y a un déséquilibre. Sur le terrain, pourtant, des milliers de gens aident, réfléchissent et travaillent afin de fournir des solutions, mais ils manquent de ressources et sont débordés.

Voilà entre autres pourquoi j'appuie les 25 villes qui s'illumineront la nuit du 21 octobre en guise de solidarité. Celles-ci viendront rappeler aux gouvernements la nécessité d'une vision globale avec une véritable politique gouvernementale en itinérance ainsi que des engagements fermes en vue d'atténuer la situation de pauvreté de tant de gens.

Depuis plusieurs années, nos gouvernements nous promettent de gagner la plus noble des batailles : la lutte contre la pauvreté. Mais nous ne pourrons jamais gagner ce combat contre la pauvreté si elle devient une lutte contre les pauvres. De même qu'on ne gagnera pas la bataille contre la drogue en faisant la lutte aux drogués.

La répression, la criminalisation et la marginalisation ont depuis longtemps prouvé leur inefficacité et leur non-rentabilité. Sauf peut-être pour les constructeurs de prisons, le corps policier et les patrons d'agences de sécurité.

La saga judiciaire du site d'injection supervisé Insite et la croisade conservatrice contre la drogue nous enseignent justement que lutter, faire la guerre et combattre quelque chose sans en comprendre la nature profonde est voué à l'échec. Il nous faut lutter avec les bonnes armes, sur les bons terrains, avec les bonnes stratégies et supporter nos troupes.

Si j'emprunte un vocabulaire guerrier, ça ne signifie aucunement que je glorifie ce monde. Mais si ça peut faire en sorte qu'une infime fraction du budget militaire puisse être consacrée à aider notre propre peuple à se sortir de la pauvreté, ça sera déjà ça de fait.