La semaine dernière marquait la fin de la saison de notre fameux maïs sucré des Îles de Boucherville. Malheureusement, ce produit unique tant apprécié par nos nombreux clients qui viennent s'approvisionner directement à la ferme est  en voie de disparaître.

La Société des établissements de plein air du Québec, la SEPAQ, qui nous loue ces terres, nous demande de quitter les lieux d'ici 2016. Chaque année, une portion de la superficie cultivée nous est retirée en vue d'être reboisée. Nous souhaitons de tout coeur que les autorités se ravisent et que nous trouvions une façon de poursuivre cette tradition agricole. Nous cultivons ces terres avec fierté depuis des décennies et nos  enfants veulent prendre la relève de nos fermes. Ce serait déchirant pour nous de leur dire d'aller s'installer ailleurs.

Si la SEPAQ pose un tel geste au nom des amateurs de plein air, nous demeurons convaincus que l'agriculture est une activité complémentaire et utile pour le parc national des Îles-de-Boucherville.

Depuis des années, nous entretenons de bonnes relations avec les cyclistes et les randonneurs des Îles. Ils arrêtent fréquemment chez nous pour poser des questions, prendre des photos de nos champs, de nos équipements et des magnifiques paysages des environs. C'est aussi une belle occasion pour eux de montrer à leurs enfants que les aliments ne poussent pas à l'épicerie. En plus de produire un maïs sucré qui n'a pas son équivalent ailleurs, nous participons activement à  entretenir ce paysage. Nous créons aussi des emplois, une vingtaine pendant la belle saison.

On parle de plus en plus de la multifonctionnalité de l'agriculture, on nous dit que la population québécoise souhaite voir se développer une agriculture familiale, humaine, tournée vers les marchés de proximité avec des produits particuliers, il me semble pourtant que c'est ce que nous faisons!

Pourquoi ne profiterions-nous pas du sol et du climat uniques des Îles-de-Boucherville pour joindre  l'utile à l'agréable en permettant la cohabitation entre agriculteurs et amateurs de nature?

Nous croyons sincèrement qu'agriculture, environnement et nature n'ont pas à être en conflit et qu'il y a plutôt matière à créer une synergie intéressante. De plus en plus de parcs nationaux et provinciaux du Canada et des États-Unis évoluent en ce sens. On y encourage même les agriculteurs à venir s'y établir! L'agriculteur assume un rôle de producteur d'aliment, de gardien du paysage et assure une présence rassurante pour les villégiateurs.

Sommes-nous en train de passer à côté d'un partenariat innovateur où chacun y trouverait son compte? Ce serait trop dommage, non seulement pour nous et nos enfants, mais aussi pour la population avoisinante et les amateurs de nature.