Comment éviter d'être victime de gens mal intentionnés sur l'internet

On parle beaucoup de la fraude sur l'internet. Des individus sans scrupule veulent vous voler, démolir votre réputation ou, pire encore, s'emparer de votre identité. Il est essentiel de vous protéger de ces filous. Cela dit, c'est relativement facile quand on se trouve devant un courriel qui ressemble à ceci : «Je suis ta caisse potulaire et je faux remettre mes système à jours. S'il vous plait incritez ci-après votre code NIP et votre adresse. [sic]» La supercherie est encore plus facile à détecter lorsque le message provient, comme c'est souvent le cas, d'une institution financière dont vous n'êtes même pas client! Comment, par contre, se protéger d'un ami Facebook qui vous recommande à un marchand pour vous faire profiter de ses super aubaines?

Il existe des méthodes connues pour éviter les principales fraudes sur le web. Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada fait, à cet égard, un travail de sensibilisation remarquable. Ses conseils sont simples et efficaces. On rappelle que certains renseignements sont, par définition, confidentiels et que nous ne devrions jamais les communiquer, à moins d'être sûrs de la personne, de l'organisation ou du site à qui nous les donnons. L'information la plus importante à protéger demeure le numéro d'assurance sociale (NAS), suivi de: l'adresse de courriel, les revenus, les achats, les habitudes de consommation, les renseignements bancaires, les données sur vos cartes de crédit et de débit, les rapports d'emprunts ou de solvabilité, et les déclarations de revenus. Il va sans dire que le NIP (numéro d'identification personnel) de vos cartes de débit et de crédit est tout aussi confidentiel...

Vous vous demandez quel imbécile donnerait son NIP? Eh bien, sauf vous, moi et 86% de la population canadienne, il y a encore 14% (ce n'est pas rien!) des Canadiens qui seraient enclins à partager cette information. De plus, 11% seraient disposés à envoyer des renseignements sur leur carte de crédit par courriel, et 5% à communiquer de l'information au cours d'un appel téléphonique qu'ils auraient reçu.

Vous aurez cependant remarqué que le Commissariat à la protection de la vie privée inclut vos habitudes de consommation sur la liste des informations à protéger. Une information qui peut paraître banale comparativement à d'autres, comme votre adresse ou votre numéro de carte de crédit. Ce sont cependant les comportements, en particulier les habitudes de consommation (ce que vous lisez, les émissions de télé que vous regardez, les magasins que vous fréquentez), qui ont le plus de valeur commerciale sur l'internet.

Ceux qui s'intéressent à cette information, contrairement à ceux qui tentent de vous voler votre identité, ne sont pas des filous. Non. Ce sont des spécialistes du marketing. Je les connais, j'en ai formé un grand nombre. Alors que les bandits du web pourraient être comparés à des frelons au dard acéré, les spécialistes du marketing web ressemblent davantage à une nuée de moustiques. Pris individuellement, ils font peu de dommages, mais, en groupe, ils peuvent devenir assez énervants. Leur objectif est de construire votre profil de consommation, seuls ou avec d'autres commerçants. Ce profil les aidera à vous séduire au bon moment et avec les bons produits, afin de vous inciter à dépenser un maximum, dans la joie et sans douleur.

Face à cette nouvelle réalité, trois choix s'offrent à vous. Vous barricader et ne plus parler à personne de peur de révéler quoi que ce soit sur vous. Faire confiance au système et présumer que ceux qui se partagent ainsi l'information qu'ils obtiennent sur vous ne veulent que votre bien. Ou devenir proactif en vous posant quelques questions élémentaires.

La première avenue est évidemment utopique. Sur l'internet comme dans la vie de tous les jours, arriver à ne jamais donner quelque renseignement que ce soit relève désormais du miracle. Il est néanmoins possible de réduire la quantité d'informations que vous donnez en naviguant sur le web.

Pour ce faire, il suffit d'ajuster les préférences de votre fureteur web. Si vous restreignez dès le départ la quantité d'informations que vous donnez, vous ne devriez pas être inondé d'offres commerciales non sollicitées. Par contre, vous allez rapidement constater que l'internet n'est plus l'endroit merveilleux et magique que vous connaissiez. Une foule d'éléments (photos, musique, vidéos, jeux, etc.) ne vous seront plus accessibles.

La deuxième option, ne rien faire en présumant que dans l'univers des données électroniques tout le monde est notre ami, peut sembler bête et ridicule. Pourtant, c'est un peu ce que font la plupart des citoyens.

Ce qui nous amène à la troisième option, qui est justement de prendre des mesures pour protéger sa sécurité et sa vie privée, tout en profitant pleinement du potentiel de l'internet. Un seul conseil: sachez qui sont vos vrais amis. Un conseil qui se décline de 10 façons.

1. Avant de communiquer des renseignements sur le web, que ce soit sur un site, un blogue ou un réseau social, demandez-vous si vous seriez à l'aise de les confier à un quasi-inconnu. Votre numéro d'assurance sociale ? Votre NIP bancaire ? Vos photos ou vos histoires compromettantes ? Ces quatre éléments-là ne se partagent jamais. Compris ? Ja-mais !

2. Dans la vie de tous les jours, vous donnez votre numéro de carte de crédit, sa date d'expiration et même son code de sécurité à une foule de marchands. Du moins, à des marchands que vous connaissez ou qui vous inspirent confiance, et non à un vendeur itinérant dont vous n'avez jamais entendu parler. C'est simple : faites de même dans l'univers virtuel.

3. À l'occasion, payez-vous le luxe d'effacer tous les témoins qui ont été placés sur votre ordinateur à votre insu. Cette fonction peut se trouver sous l'historique de navigation, dans les options de sécurité ou ailleurs dans votre fureteur. Je sais, je sais, les puristes vous diront de ne pas le faire, que vous allez détruire des données essentielles à la navigation. De fait, vous devrez fournir à nouveau certains mots de passe, notamment quand vous naviguerez sur des sites bancaires et de magasins ou d'organismes publics que vous fréquentez régulièrement. En revanche, vous verrez le nombre de sollicitations non désirées chuter en flèche.

4. Si vous êtes un grand utilisateur des réseaux sociaux, pensez à ce que vous faites lorsque vous vous inscrivez sur Facebook, LinkedIn, Twitter ou ailleurs. L'information que vous donnez ou, pire encore, celle qu'on dépose sur votre page, sera difficile à contrôler ou à éliminer par la suite. À cet égard, les photos prises à 4 heures du matin après le party de fin de session sont rarement un atout pour se trouver un emploi !

5. Les adresses de courriel sont souvent la cible de crapules. Si un ami vous demande de lui envoyer 10 000 $ parce qu'il est quelque part au bout du monde et qu'il s'est tout fait voler, méfiez-vous. Ce n'est pas votre ami, même s'il fait autant de fautes que lui. Idem si vous recevez un courriel contenant uniquement un fichier joint. Ne l'ouvrez pas.

6. Avant de télécharger, mais surtout d'ouvrir et d'installer une application sur votre téléphone portable, votre ordinateur ou votre tablette numérique, de grâce, lisez le texte qui précède le bouton « J'accepte ».

7. N'utilisez pas de réseaux wi-fi non sécurisés si vous faites des transactions confidentielles. Les réseaux ouverts sont faits pour lire les éditoriaux d'Ariane Krol sur Cyberpresse. Pas pour payer vos factures sur AccèsD.

8. Si vous utilisez un ordinateur public, assurez-vous de tout nettoyer avant de partir. Pour ce faire, supprimez l'historique de navigation dont je vous ai parlé au conseil no 3.

9. Souvenez-vous qu'utiliser un pseudonyme peut vous procurer une certaine forme d'anonymat, mais n'empêche pas la création d'un profil commercial à partir de vos comportements. En utilisant un pseudonyme pour certaines navigations - Dr Jekyll le jour et M. Hyde la nuit -, vous donnez encore plus d'informations aux spécialistes du marketing. Au lieu d'une nuée de moustiques, vous en aurez deux, ou même davantage, après vous.

10. Finalement, vérifiez de temps à autre qui possède de l'information à votre sujet - et surtout laquelle. Il existe de nombreux moyens de le faire, le plus simple étant de commencer par Google. Soumettez votre nom au moteur de recherche, pas uniquement pour le web, mais aussi pour les blogues, les images et les vidéos.

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