Alors que plusieurs voix s'élèvent pour demander au gouvernement de fermer le robinet de l'immigration, il est impératif de contrer ce réflexe frileux de repli sur soi et, au contraire, d'accueillir davantage d'immigrants au Québec.

Une analyse, même sommaire, des données démographiques et économiques ne nous permet aucune autre conclusion. Vieillissement de la population, pénuries de travailleurs qualifiés, déséquilibre du marché du travail et, globalement, menace à la prospérité économique du Québec sont les reflets de notre situation actuelle.

En clair, le dynamisme de l'économie du Québec pour les décennies à venir repose en partie sur notre capacité à accueillir un plus grand nombre de travailleurs en provenance de l'étranger. Autrefois culturelle ou humanitaire et axée sincèrement sur l'intérêt réel de la diversité, l'immigration doit être à l'avenir résolument économique. L'un n'empêchant pas l'autre par ailleurs.

Bien entendu, une immigration plus importante et axée sur nos besoins économiques doit se faire en tenant compte de la complexité du processus même. La politique d'immigration doit prendre en considération les aspirations humaines des candidats à l'immigration au Québec et les mettre en relation avec les diverses réalités sociales, économiques, administratives et culturelles qui sont les nôtres. Il faut le dire, ce n'est pas simple, mais c'est faisable.

La décision que prendra incessamment le gouvernement dans le cadre de sa planification triennale de l'immigration aura des répercussions structurantes pour l'économie du Québec et pour la société dans son ensemble pour plusieurs années à venir. Il importe donc de faire les bons choix. Pour un, le secteur manufacturier compte beaucoup sur l'apport des travailleurs immigrants afin de combler ses besoins de main-d'oeuvre spécialisée dans des métiers qui sont souvent délaissés par les travailleurs du Québec. Une immigration bien pensée, bien calibrée en regard des compétences des nouveaux arrivants est une condition essentielle du renouveau industriel dont le Québec a férocement besoin.

L'arrivée plus massive de travailleurs immigrants doit toutefois être accompagnée de mesures vigoureuses visant à amener davantage de ces travailleurs à s'installer à l'extérieur de Montréal. Non seulement, les besoins de main-d'oeuvre sont-ils importants dans certaines communautés plus éloignées de la métropole, mais une intégration économique réussie des nouveaux arrivants en région est aussi une assurance de les voir adopter le français comme langue d'usage et un gage d'une intégration sociale tout aussi réussie.

Si ce n'est par choix, ce sera par nécessité, mais le Québec doit s'ouvrir davantage aux possibilités de l'immigration. Le gouvernement doit faire la sourde oreille aux frileux de tout acabit. Nous gagnerons tous à conserver et même à accroître notre ouverture aux communautés culturelles.