À mes débuts à La Presse, j'étais évidemment intimidé par le rédacteur en chef, Michel Roy. Après plus de 20 ans au Devoir, M. Roy était passé à La Presse en 1982. Dans son premier éditorial, il en parlait comme d'«une monumentale cathédrale de l'information». «Si Le Devoir reste la conscience du Canada français, La Presse alors doit sûrement en être le coeur.»

Pour tout jeune journaliste, M. Roy était un modèle. Modèle d'écriture, modèle de réflexion, modèle de modération. Je me souviens d'une des premières fois où il m'a adressé la parole. Assis devant mon ordinateur (préhistorique), j'ai senti une main se poser doucement sur mon épaule. Je me retourne. «C'était très bien ton papier, mon vieux!», me dit-il. Venant de lui, ce simple compliment valait tous les prix de journalisme.

En 1988, à la suite d'un désaccord avec l'éditeur de l'époque, Michel Roy a choisi de quitter La Presse. Passant devant son bureau, je l'ai vu faire ses boîtes. En lui disant au revoir, j'ai eu beaucoup de mal à contenir mes larmes.

Les très nombreuses personnes qui ont côtoyé, admiré et aimé Michel Roy le pleurent aujourd'hui. Au nom du président et éditeur, Guy Crevier, et de toute la direction de La Presse, j'offre mes condoléances à sa conjointe, Mme Monique Bernier, à ses enfants et à tous ses proches.

ANDRÉ PRATTE

Éditorialiste en chef